Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment fait face à une situation sans précédent en prenant la barre de son propre procès pour corruption. Cette affaire retentissante a attiré l’attention du monde entier sur ses déboires judiciaires, alors même qu’il est confronté à un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et que les combats à Gaza continuent de faire rage.
C’est la première fois qu’un Premier ministre en exercice en Israël se retrouve sur le banc des accusés, une étape embarrassante pour un dirigeant qui a toujours cherché à cultiver une image de diplomate sophistiqué et respecté.
Lors de son témoignage, Netanyahu a pris la parole et a déclaré « Bonjour » aux juges présents. Il a ensuite affirmé qu’il avait attendu huit ans ce moment pour dire la vérité, qualifiant les accusations portées contre lui d' »océan d’absurdités ». Il a promis que sa version des faits éclaircirait le dossier de l’accusation.
A l’aise au moment de commencer à raconter sa version des événements, Netanyahu a partagé des détails personnels sur sa vie, espérant sans doute influencer la perception des juges à son égard. Il a également abordé son rapport avec les médias, affirmant que la couverture médiatique avait peu d’importance à ses yeux, contrairement à ce que la poursuite tente de suggérer en le qualifiant d’obsédé par son image.
Il a révélé des aspects de sa personnalité, comme sa consommation de cigares qu’il ne finit que rarement en raison de sa charge de travail, bien qu’il déteste le champagne. L’une des affaires le concerne justement pour avoir reçu un « approvisionnement » de cigares et de champagne de la part de milliardaires.
Son avocat a demandé qu’il puisse recevoir des notes pendant son témoignage pour l’aider à gérer les affaires de l’Etat tout en suivant son procès.
Les chefs d’accusation auxquels Netanyahu devra répondre dans le cadre de son procès comprennent des faits de fraude, de violation de la confiance et d’acceptation de pots-de-vin dans trois affaires distinctes.
Il lui est reproché d’avoir accepté des dizaines de milliers de dollars en cigares et champagne d’un producteur hollywoodien en échange de faveurs personnelles et professionnelles. Il est également accusé d’avoir favorisé la régulation des médias pour des magnats contre une couverture favorable de sa personne et de sa famille.
Malgré ses dénégations et ses accusations d’une chasse aux sorcières orchestrée par des médias hostiles, Netanyahu, âgé de 75 ans, va devoir livrer bataille devant les juges.
Son témoignage est prévu pour des sessions de six heures par jour, trois jours par semaine, pendant plusieurs semaines. Une charge de travail qui soulève des interrogations sur sa capacité à diriger un pays en pleine crise, entre un front de guerre à gérer, les répercussions d’un second front et les menaces potentielles d’autres acteurs régionaux, comme l’Iran ou la chute récente de Bachar al-Assad en Syrie.
Dans son témoignage, Netanyahu a affirmé pouvoir trouver un équilibre entre ces engagements.
Des manifestants se sont rassemblés devant le tribunal de Tel Aviv pour protester contre Netanyahu, parmi lesquels se trouvaient des membres de familles de captifs détenus à Gaza, ainsi qu’un groupe de ses partisans. Une banderole affichée devant le tribunal indiquait : « Premier ministre de la criminalité. »
Selon la loi israélienne, les Premiers ministres inculpés ne sont pas tenus de démissionner.