Dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique, le rôle des banques de développement multilatérales (BDM) apparaît comme crucial pour faire face aux défis environnementaux qui se posent à l’échelle planétaire. En effet, les BDM sont des acteurs majeurs dans la fourniture des financements nécessaires aux pays vulnérables pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux changements climatiques.
Le dernier rapport conjoint sur le financement climatique des BDM révèle des avancées notables, avec un montant record de 125 milliards de dollars déployé en 2023, dont 60% ont été alloués aux pays à revenu faible et intermédiaire. Cette tendance positive montre que les BDM intensifient leurs engagements en matière de financement climatique, notamment avec des objectifs ambitieux tels que l’augmentation des financements climatiques à 50% du total d’ici 2030, comme le fait la Banque asiatique de développement (BAD).
Parallèlement à cette augmentation des investissements publics, le secteur privé est de plus en plus mobilisé, chaque dollar de financement public étant désormais capable de susciter 0,38 dollar d’investissement privé. De plus, les BDM ont adopté une Approche commune de mesure des résultats climatiques, visant à améliorer la coordination entre les différentes institutions et à garantir une meilleure adéquation entre les fonds alloués et les résultats concrets obtenus.
Cependant, malgré ces avancées, des lacunes significatives persistent. Le financement de l’adaptation, essentiel pour les pays les plus vulnérables, reste en retrait par rapport aux mesures d’atténuation, ce qui va à l’encontre des objectifs de l’Accord de Paris. De plus, les financements concessionnels, cruciaux pour les pays à faible revenu et les nations les plus exposées aux risques climatiques, sont en déclin, avec une diminution des subventions de 10% en 2022 à seulement 6,7% en 2023.
Un autre point critique concerne le financement continu de projets liés aux énergies fossiles par les BDM, qui va à l’encontre de leurs objectifs de lutte contre le changement climatique et de transition vers des énergies propres. De plus, la part des financements climatiques destinée aux pays les plus vulnérables, tels que les pays les moins avancés et les Petits États insulaires en développement, est en diminution, compromettant ainsi un soutien vital à ces populations les plus exposées.
Alors que les États négocient un nouvel objectif collectif en matière de financement climatique lors de la COP29, il est impératif que les BDM jouent un rôle plus ambitieux dans l’orientation des financements climatiques mondiaux. Cela passe par un rééquilibrage entre les efforts d’adaptation et d’atténuation, une hausse des financements concessionnels, et un renforcement de la collaboration avec les institutions financières nationales et privées pour soutenir des projets transformateurs à grande échelle.
Les BDM ont démontré leur capacité à mobiliser des financements climatiques importants, mais il est désormais urgent qu’elles comblent ces lacunes critiques pour garantir que leurs opérations soient efficaces, équitables et alignées sur les objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique. Il en va de la responsabilité de ces institutions de jouer un rôle de premier plan dans la transition vers une économie plus durable et résiliente face aux défis climatiques du XXIe siècle.