Fatshimétrie : L’analyse approfondie des élections générales 2021 en Namibie
Les élections générales en Namibie de cette année promettent d’être une étape cruciale dans l’histoire politique du pays, avec un enjeu plus élevé que jamais. Alors que les Namibiens se dirigent vers les urnes le 28 novembre, les premiers résultats du vote par correspondance laissent présager une compétition serrée qui pourrait marquer un tournant dans la trajectoire politique du pays. Le Patriot independent pour le Changement (IPC), un acteur relativement nouveau sur la scène politique, émerge comme un sérieux challenger du parti au pouvoir, le Swapo.
Cette tendance reflète une tendance régionale où les partis au pouvoir de longue date, y compris le Front patriotique de la Zambie et le Parti démocratique du Botswana, ont perdu du terrain face à l’émergence de forces d’opposition.
Les résultats provisoires du vote par correspondance montrent un écart qui se resserre entre l’IPC et le Swapo, avec l’IPC obtenant 2 682 voix parlementaires contre 5 904 pour le Swapo, et 3 006 voix présidentielles contre 5 637 pour le Swapo. Bien que ces résultats ne représentent qu’un petit segment de l’électorat, ils mettent en lumière un mécontentement croissant à l’égard du statu quo, notamment parmi les fonctionnaires et les expatriés. Traditionnellement favorables au parti au pouvoir, ces électeurs se tournent maintenant vers l’IPC, probablement en raison des difficultés économiques et des problèmes tels que le scandale #Fishrot.
Le sentiment public montre également un déclin de la confiance envers le Swapo. De 2014 à 2021, la proportion de Namibiens qui ont une « grande confiance » envers le Swapo est passée de 42 % à seulement 17 %. De même, la confiance envers le président et le Premier ministre a également diminué. Ces constatations soulignent un changement significatif de l’opinion publique, avec une désillusion croissante à l’égard du leadership du Swapo, exacerbée par les pressions économiques et les problèmes de gouvernance.
L’économie de la Namibie est confrontée à des problèmes significatifs, notamment un chômage élevé, des inégalités et des pressions fiscales. Le scandale #Fishrot, qui a impliqué des responsables supérieurs du Swapo dans un régime de quotas de pêche de plusieurs millions de dollars, a encore aggravé le manque de confiance du public. La stagnation économique, associée aux problèmes de gouvernance et de transparence, a alimenté le mécontentement des électeurs.
Les enquêtes d’Afrobaromètre montrent que le chômage et la corruption sont au centre des préoccupations des Namibiens, avec 76 % d’entre eux pensant que le pays prend la mauvaise direction et les deux tiers jugeant l’économie comme « assez mauvaise » ou « très mauvaise ». Ce mécontentement a entraîné un changement dans le sentiment des électeurs, avec un soutien croissant pour les partis d’opposition tels que l’IPC, qui promettent une plus grande redevabilité et une gouvernance équitable.
Des doutes croissants entourent également la Commission électorale de Namibie (ECN). Les résultats des enquêtes montrent que bien que 74 % des Namibiens soutiennent des élections ouvertes et honnêtes, seulement 45 % ont confiance en l’ECN, une baisse significative par rapport à 74 % en 2014. Les inquiétudes concernant les élections de 2019, notamment les problèmes liés aux machines de vote électroniques et au financement des campagnes, ont déjà suscité des doutes sur l’intégrité électorale.
Avec le retour au vote manuel et à la réinscription des électeurs pour les élections de 2024, la confiance envers l’ECN a encore diminué, suscitant des craintes de privation de droits de vote, notamment parmi les électeurs ruraux et plus âgés. Cette situation offre aux partis d’opposition tels que l’IPC et le Mouvement de repositionnement affirmatif (AR) une opportunité de remettre en question la dominance du Swapo, faisant des élections un test critique pour la santé démocratique de la Namibie.
L’ascension rapide de l’IPC illustre une tendance régionale où les partis d’opposition capitalisent sur le mécontentement des électeurs. Tout comme l’United Party for National Development (UPND) de la Zambie et la coalition de l’Umbrella for Democratic Change du Botswana, l’IPC s’est positionné comme une alternative crédible aux partis au pouvoir depuis longtemps. À Maurice, la mauvaise performance électorale du parti au pouvoir, qui n’a remporté aucun siège, démontre également à quelle vitesse les partis de longue date peuvent perdre en pertinence lorsque la gouvernance et la prestation de services deviennent les priorités de l’électorat.
Dans toute la région, les mouvements de libération perdent du soutien en raison de la corruption et de la mauvaise gouvernance. En Afrique du Sud, l’ANC a été contraint à former un gouvernement d’unité nationale après avoir vu son soutien chuter à des niveaux records, tandis qu’au Mozambique, le Frelimo fait face à des crises politiques et économiques, aggravées par des allégations de manipulation électorale lors des élections d’octobre 2023.
Les Namibiens, ayant été témoins de la possibilité de renverser un mouvement de libération, voient maintenant cela comme une opportunité de revendiquer le changement. Avec la confiance du public envers le Swapo en déclin et les partis d’opposition comme l’IPC gagnant du terrain, le Swapo doit prouver qu’il peut toujours livrer pour le peuple.
La défaite de Kamala Harris lors de la récente élection présidentielle américaine pourrait également affecter la première candidate à la présidence du Swapo, Netumbo Nandi-Ndaitwah. Si Harris avait gagné, cela aurait renforcé le message selon lequel il est temps pour une femme de prendre les rênes du pouvoir, suscitant ainsi l’espoir pour les femmes leaders du monde entier.
Les chiffres racontent une histoire intéressante. Lors des élections de 2019, le Swapo a obtenu 62,79 % des voix. Mais les données récentes montrent une baisse de 19,59 % de leur soutien. Si cette tendance se poursuit, le Swapo ne pourrait recueillir que 354 338 voix, en supposant que le taux de participation des électeurs reste le même. Parallèlement, le nombre d’inscriptions d’électeurs a augmenté de 12,7 %, signalant une volonté de changement qui bénéficie probablement
À suivre dans la prochaine édition de Fatshimétrie : l’évolution des tendances électorales en Namibie et les conséquences possibles sur le paysage politique du pays.