Fatshimetrie
La grève des enseignants à Bukavu en octobre 2024 a suscité de nombreuses tensions au sein de la communauté éducative de la région du Sud-Kivu. Alors que certains enseignants étaient déterminés à poursuivre le mouvement de grève entamé depuis plusieurs semaines, d’autres se sont trouvés en désaccord avec leurs syndicats respectifs quant à la stratégie à adopter. Cette division a profondément ébranlé la confiance des enseignants envers leurs représentants syndicaux, certains allant jusqu’à accuser ces derniers de corruption pour avoir proposé la suspension du débrayage.
Au cœur de cette crise, des débats animés entre les enseignants eux-mêmes ont émergé, mettant en lumière des divergences profondes quant à la conduite à adopter. Tandis que certains ont dénoncé des pots-de-vin présumés versés aux délégués syndicaux, d’autres ont défendu l’appel à la suspension de la grève au nom de l’humanisme. Cette fracture au sein de la communauté enseignante a semé le trouble et la méfiance, alimentant un climat de confusion et de doutes quant à la suite à donner au mouvement social en cours.
Pourtant, malgré ces dissensions internes, une dynamique de reprise des cours s’est progressivement dessinée dans certaines écoles, notamment celles situées en milieu urbain. Des réunions discrètes et informelles ont été organisées, éloignées du regard des syndicats, témoignant de la volonté de nombreux enseignants de retourner en classe. Cette volonté de reprise se voit renforcée par l’initiative des parents du Lycée Wima, qui se sont engagés à soutenir financièrement les enseignants à hauteur de 20 dollars par élève et par trimestre, en vue de compenser les salaires non perçus pendant la grève.
Cette offre des parents, présentée comme une prime de motivation, semble jouer un rôle déterminant dans la décision de plusieurs enseignants de reprendre les cours. L’assemblée générale des délégués enseignants des écoles catholiques s’est d’ailleurs conclue sur un accord de reprise des activités pédagogiques, fixée au lundi 4 novembre, sous certaines conditions préalables. Cependant, dans d’autres établissements publics où les parents ne disposent pas de ressources suffisantes pour soutenir financièrement les enseignants, la tension demeure vive et certains optent pour le maintien de la grève.
En parallèle, la reprise des cours a été constatée dans certaines écoles rurales, témoignant d’une réelle diversité de situations au sein du paysage éducatif de Bukavu. Cette situation complexe et mouvante souligne les enjeux sociaux, économiques et institutionnels auxquels sont confrontés les acteurs de l’éducation dans la région, et appelle à une réflexion approfondie sur les mécanismes de soutien et d’accompagnement des enseignants en période de crise.
En définitive, la grève des enseignants à Bukavu en octobre 2024 interpelle non seulement sur les conditions de travail des enseignants et la qualité de l’enseignement dispensé, mais également sur les dynamiques de solidarité et de mobilisation au sein de la communauté éducative. Face à des enjeux complexes et des défis multiples, il apparaît essentiel d’engager un dialogue constructif et inclusif pour trouver des solutions durables et équitables, garantissant un avenir meilleur pour l’éducation dans la région du Sud-Kivu.