L’épineuse question du financement du terrorisme continue de susciter des inquiétudes profondes au sein des instances gouvernementales et des organismes internationaux. Lors d’un récent colloque organisé par le Centre d’Études Stratégiques et de Recherche du NDC, le Commandant Olotu a souligné que malgré des années d’efforts pour affaiblir les groupes terroristes tels que Boko Haram, ces derniers ont réussi à maintenir leurs activités en profitant de sources de financement variées.
Il est alarmant de constater que Boko Haram, après près de 14 années d’existence, a su diversifier ses sources de revenus, allant de l’extorsion locale au kidnapping, en passant par le vol et l’exploitation minière illégale. Entre 2014 et 2020, les revenus annuels estimés du groupe varient considérablement, passant de 20 à 70 millions de dollars en 2014 à moins de 10 millions de dollars en 2020. Cette baisse apparente de revenus souligne cependant la nécessité de demeurer vigilant face aux tentatives de ces organisations terroristes pour reconstituer leurs ressources financières.
Les efforts concertés à l’échelle internationale, régionale et nationale pour contrer le financement du terrorisme se sont avérés cruciaux pour affaiblir des organisations telles que l’État Islamique (ISIS) et Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQM). En effet, alors qu’ISIS générait entre un et deux milliards de dollars en 2014, ces chiffres ont chuté à entre 200 et 300 millions de dollars en 2019. De même, AQM a vu son financement passer de 91 millions de dollars à entre 5 et 10 millions de dollars depuis 2020.
Il est indéniable que la dégradation de la capacité financière de ces groupes terroristes est essentielle pour préserver les intérêts de sécurité nationale, régionale et mondiale. Les mesures visant à contrer le financement du terrorisme jouent un rôle crucial dans la perturbation des flux financiers qui alimentent leurs opérations et réseaux, affaiblissant ainsi leurs capacités opérationnelles.
Il est pertinent de souligner que la lutte contre le financement du terrorisme est un enjeu stratégique majeur, car sans un soutien financier adéquat, les groupes terroristes se retrouvent considérablement limités dans leurs actions. La nécessité de continuer à renforcer ces efforts demeure primordiale, non seulement pour la défense nationale, mais également pour l’environnement sécuritaire global dans lequel nous évoluons tous.
Les activités terroristes démontrent depuis des années une capacité financière impressionnante, générant des milliards de dollars à partir de sources diverses. En 2014, ISIS tirait notamment ses revenus de la fusion pétrolière, de l’extorsion, de la taxation et des enlèvements contre rançon. Cette manne financière considérable a permis à ISIS de financer non seulement ses propres opérations, mais également de soutenir d’autres groupes extrémistes, en particulier en Afrique.
Lors de sa conférence, l’Ambassadeur Abdullahi Shehu, ancien Directeur Général du Groupe d’Action Intergouvernementale contre le Blanchiment d’Argent en CEDEAO, a souligné que la lutte contre le terrorisme implique de s’attaquer aux sources de financement des activités terroristes. Le Global Terrorism Index (GTI) pour l’année 2024 révèle que la région du Sahel est la plus touchée au monde, avec une augmentation de 22 % des décès liés au terrorisme en 2023, totalisant 8 352 victimes.
Il est clair que le Sahel représente presque la moitié de tous les décès liés au terrorisme et 26 % des attaques en 2023. Quatre des dix pays les plus touchés par le terrorisme se trouvent dans la région du Sahel, mettant en lumière les défis considérables auxquels le Nigeria est confronté dans le suivi du financement du terrorisme. Ces défis incluent la porosité des frontières, une faible gestion frontalière, la prédominance des transactions en espèces, l’exclusion financière, ainsi que l’informalité des systèmes économiques.
En outre, des capacités limitées dans le domaine des enquêtes financières, comparativement aux enquêtes criminelles, entravent les efforts visant à combattre le financement du terrorisme au Nigeria. Néanmoins, des progrès récents ont été salués dans la traque, la poursuite et la condamnation des financiers du terrorisme, soulignant ainsi une volonté politique croissante de s’attaquer à ce fléau.
En conclusion, la lutte contre le financement du terrorisme demeure un défi de taille qui requiert une coopération internationale renforcée, des mesures coercitives efficaces et une vigilance permanente. En s’attaquant aux sources de financement des groupes terroristes, il est possible d’affaiblir leurs capacités et de garantir la sécurité nationale et internationale. La lutte contre le terrorisme doit être menée sur tous les fronts, y compris celui du financement, pour mettre un frein aux activités meurtrières et déstabilisatrices de ces organisations.