Il est rare de voir une cérémonie de libération de prisonniers en masse susciter autant d’intérêt et d’émotions, mais c’est exactement ce qui s’est produit à la prison de la Kassapa à Lubumbashi. Plus de 250 détenus ont été libérés dans le cadre d’une initiative visant à désengorger les maisons carcérales et à lutter contre les arrestations arbitraires. La cérémonie, présidée par le ministre d’Etat et ministre de la Justice, Constant Mutamba, a mis en lumière l’importance de repenser le système pénitentiaire et d’offrir des solutions alternatives à l’incarcération.
Au-delà de l’aspect logistique de cette libération conditionnelle, c’est le message même derrière cette action qui mérite d’être souligné. Le ministre Mutamba a insisté sur le fait que la prison ne devrait pas être la réponse systématique à toute infraction. Il a souligné qu’il existe des cas où des peines alternatives pourraient être bénéfiques tant pour les détenus que pour la société dans son ensemble.
La visite des différents pavillons, de la cuisine et du potager, témoignant du travail des prisonniers, a offert une perspective unique sur la réalité quotidienne de ceux qui sont derrière les barreaux. La libération des détenus ayant déjà accompli une partie significative de leur peine, ainsi que des prisonniers souffrant de graves maladies, a donné un nouvel espoir à ceux qui se trouvaient dans une situation désespérée.
Pourtant, la décision de ne pas libérer certains détenus, notamment ceux accusés de crimes graves tels que le détournement de fonds, le viol ou le vol à main armée, soulève des questions sur les critères de sélection. La justice doit être aveugle mais équitable, assurant à la fois la sécurité publique et les droits des individus.
Les témoignages poignants des anciens détenus, certains attendant depuis des années d’être jugés, mettent en lumière les défis auxquels est confronté le système judiciaire. Des réformes en profondeur sont nécessaires pour garantir que la détention préventive ne se transforme pas en peine anticipée et pour que la justice soit rendue de manière transparente et équitable.
En libérant ces prisonniers, la société a une occasion unique de réfléchir sur la nature de la justice et sur la meilleure façon de réhabiliter ceux qui ont commis des erreurs. C’est un premier pas vers un système pénitentiaire plus humain et plus efficace, mettant l’accent sur la réhabilitation plutôt que sur la simple punition.