**La Tunisie se tourne vers les élections présidentielles: Un dilemme démocratique sous les feux de la rampe**
Avec ses principaux opposants emprisonnés ou exclus du scrutin, le Président tunisien Kais Saied fait face à peu d’obstacles pour remporter un deuxième mandat lors des élections présidentielles qui se tiendront ce dimanche. Cinq ans se sont écoulés depuis qu’il a été porté au pouvoir grâce à une vague de mécontentement anti-establishment.
Le pays d’Afrique du Nord organise ces élections le 6 octobre, soit la troisième depuis les manifestations ayant conduit à la chute du Président Zine El Abidine Ben Ali en 2011. Ce dernier fut le premier autocrate renversé dans le cadre des soulèvements du Printemps arabe, qui ont également mis fin aux régimes en Egypte, Libye et Yémen.
Si les observateurs internationaux ont salué le respect des normes démocratiques lors des deux précédents scrutins, une série d’arrestations et d’actions menées par l’autorité électorale nommée par Saied soulèvent des doutes quant à l’intégrité de l’élection de cette année. Les partis de l’opposition ont même appelé au boycott.
Michael Ayari, analyste senior pour l’Algérie et la Tunisie au sein du Groupe International de Crise, a déclaré à l’Associated Press que des interrogations planent sur la trajectoire future de la Tunisie.
« Va-t-on assister à une présidence à long terme de Saied? C’est la question soulevée. Est-il possible de modifier le système politique de manière pacifique? Ou les Tunisiens sont-ils condamnés à avoir un président au pouvoir pendant 30 ans? Un dirigeant qui resterait au pouvoir pendant 20 ou 30 ans, mettrait en place son programme et le pays serait de plus en plus autoritaire? »
Cependant, le Président Saied compte aussi sur un solide soutien, des partisans qui voient ce scrutin comme un moment clé, une opportunité pour le Président de renforcer son pouvoir et de libérer le pays d’une forme de domination occidentale.
Bien que la Tunisie ait maintenu ses liens avec ses alliés traditionnels occidentaux, elle a également établi de nouveaux partenariats sous la présidence de Saied. Des accords ont été conclus avec l’Iran pour la levée des exigences de visa, et en mai, des plans pour renforcer les liens commerciaux ont été annoncés. Le pays a également accepté plusieurs millions de prêts dans le cadre de l’Initiative Belt and Road de la Chine, destinés à la construction d’hôpitaux, de stades et de ports.
**L’avenir de la Tunisie est à un tournant décisif, alors que les yeux du monde se tournent vers ces élections présidentielles qui s’annoncent comme un point de bascule pour la nation nord-africaine.**