Le secteur de la production et de l’exportation de la racine de manioc au Nigeria est un sujet d’une importance capitale pour l’économie nationale. En dépit du fait que le Nigeria soit considéré comme le premier producteur mondial de manioc, les importations de cette denrée dans le pays témoignent d’un paradoxe troublant. En effet, en 2022, le Nigeria a importé environ 54 200 dollars de manioc, se classant ainsi au 121e rang des plus grands importateurs de manioc dans le monde, une donnée surprenante pour un pays réputé pour sa production abondante de cette culture.
Lors de la récente 1ère Conférence Nationale de l’Association des Acteurs de l’Industrie du Manioc au Nigeria (ICSAN), ayant pour thème « La Culture d’Or : Exploiter le Potentiel Economique du Manioc pour le Développement National par l’Industrialisation », qui s’est tenue à Ikeja, Lagos, divers intervenants ont mis en lumière l’importance économique du manioc pour le Nigeria. Le Professeur Lateef Oladimeji Sanni, expert renommé dans le domaine des cultures tropicales racinaires, a souligné que le Nigeria a exporté pour une valeur de 733 000 dollars de manioc la même année, devenant ainsi le 61e plus grand exportateur mondial de cette culture.
L’intervention du Professeur Oladimeji a permis de mettre en lumière les enjeux et les opportunités de l’industrialisation du secteur du manioc au Nigeria. Il a souligné que l’industrialisation implique la production en masse de biens dans un système de fabrication mécanisée, favorisant un environnement commercial propice, encourageant le leadership du secteur privé, stimulant l’innovation et facilitant le renouvellement des industries obsolètes.
Malgré ses performances à l’échelle mondiale, le Nigeria doit relever plusieurs défis pour consolider sa position dans le secteur du manioc. Parmi ces défis, on peut citer les politiques gouvernementales incohérentes, l’insécurité liée aux troupeaux de bétail dévastant les champs de manioc, le manque d’infrastructures, l’accès limité au crédit et les difficultés liées à la commercialisation des produits dérivés du manioc.
Pour remédier à ces problèmes, le Professeur Oladimeji a évoqué la nécessité d’une différenciation des emballages, d’une diversification des produits, de normes régionales et de contrôle de la qualité, de l’équipement de transformation adapté, d’un système réglementaire viable, du renforcement des capacités et de la mise en place de canaux de commercialisation efficaces. Il a également souligné le rôle crucial du gouvernement en tant que catalyseur, facilitateur et régulateur de l’industrie du manioc, appelant à des actions concertées entre le secteur privé et les autorités publiques pour assurer un développement durable du secteur.
En conclusion, le manioc représente un pilier essentiel de l’économie nigériane, offrant des opportunités de création d’emplois, de sécurité alimentaire et de revenus pour les agriculteurs. Pour que le Nigeria puisse pleinement exploiter le potentiel économique du manioc, il est impératif de surmonter les obstacles actuels et de mettre en place des mesures solides visant à promouvoir l’industrialisation et la compétitivité du secteur du manioc sur la scène internationale.