**Mariage civil en République Démocratique du Congo : Pourquoi la gratuité n’est pas la solution idéale**
Depuis l’annonce de la ministre Léonnie Kandolo quant à la gratuité des frais administratifs liés au mariage civil en République Démocratique du Congo, les réactions et les débats vont bon train. Cette mesure, présentée comme un pas vers la protection des femmes, soulève cependant des questionnements quant à son efficacité et à sa pertinence dans le contexte socio-économique actuel du pays.
Tout d’abord, il est important de souligner que la gratuité du mariage civil ne semble pas adresser directement les principales problématiques auxquelles sont confrontées les femmes congolaises. En effet, en se focalisant sur la question des frais administratifs, la ministre semble occulter les enjeux plus profonds liés aux inégalités de genre, aux normes sociales et aux violences faites aux femmes. Cette approche peut être perçue comme réductrice, car elle ne prend pas en compte l’ensemble des obstacles auxquels les femmes font face dans leur vie quotidienne.
De plus, la mise en place de la gratuité du mariage civil soulève des interrogations sur le plan économique. Sans étude préalable pour étayer cette décision, il est légitime de s’interroger sur les possibles effets pervers d’une telle mesure. En effet, la gratuité totale des frais administratifs pourrait entraîner une augmentation des demandes de mariage civil, sans pour autant garantir une meilleure protection des femmes. Au contraire, cela pourrait contribuer à une dévalorisation symbolique du mariage civil et à une dilution de son sens.
Par ailleurs, il est essentiel de considérer les implications de cette mesure sur les finances publiques et la décentralisation. Dans un contexte où les ressources sont limitées et où la décentralisation est encouragée, la suppression des frais administratifs liés au mariage civil pourrait représenter une charge supplémentaire pour les instances locales. Cela pourrait également remettre en question la capacité des collectivités à assurer leurs missions et à fournir des services publics de qualité à la population.
Enfin, pour réellement protéger les femmes congolaises, il est indispensable d’adopter une approche globale et multidimensionnelle. Plutôt que de se focaliser uniquement sur la gratuité des frais administratifs, il conviendrait d’investir dans l’éducation, la sensibilisation, la lutte contre les discriminations de genre et la promotion de l’égalité. En s’attaquant aux racines des inégalités et des violences faites aux femmes, le gouvernement pourra réellement contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes congolaises.
En somme, la question de la gratuité du mariage civil en RDC soulève des enjeux complexes qui nécessitent une réflexion approfondie et une approche holistique. Plutôt que de se limiter à des mesures symboliques, il est essentiel d’adopter des politiques ambitieuses et structurantes pour promouvoir l’égalité des genres et garantir la protection des femmes dans toutes les sphères de la société.