La violence basée sur le genre en Afrique du Sud : Une épidémie persistante nécessitant des actions immédiates

En Afrique du Sud, la violence basée sur le genre est devenue une véritable épidémie qui transcende les conditions socio-économiques, malgré l’existence de lois progressistes pour lutter contre ces crimes. C’est ce que révèle un rapport récemment publié par la Fondation Tears, une organisation à but non lucratif venant en aide aux survivantes de viols et d’abus sexuels.

Les chiffres sont alarmants : la Fondation a enregistré 53 004 appels vérifiés de victimes de violence basée sur le genre cherchant de l’aide, entre 2020 et 2023. Les données mettent en lumière le fait que la violence basée sur le genre affecte les populations à revenu élevé, moyen et faible, comme l’a souligné Cornè Davis, de l’Université de Johannesburg, qui a analysé les données de la Fondation. Même l’une des plus petites provinces du pays en termes de population, Limpopo, enregistre le plus grand nombre d’appels par habitant, avec 104 appels pour 100 000 personnes.

Une des informations clés révélées par l’analyse est que la violence basée sur le genre ne connaît pas de saison spécifique, mais certains pics d’appels ont été observés en septembre, novembre et octobre. De manière intrigante, la majorité des appels ont été passés pendant l’heure du déjeuner, entre midi et 13h, laissant penser que les victimes utilisent souvent leur lieu de travail comme un espace sûr pour chercher de l’aide.

Cependant, l’un des éléments les plus préoccupants de cette crise est le faible taux de signalement à la police. Seuls 7% des cas sont rapportés, en raison des défaillances systémiques du système judiciaire qui dissuadent les gens de demander de l’aide. Les forces de l’ordre manquent de ressources et de formations pour traiter les affaires de viol, avec des retards importants dans l’analyse des preuves ADN qui ont sapé la confiance du public. Il est donc impératif de mettre en place un service anonyme et confidentiel, pour encourager les victimes à dénoncer ces crimes.

Malgré le cadre juridique avancé de l’Afrique du Sud en matière de violence basée sur le genre, la mise en application de ces lois laisse souvent à désirer, comme l’a souligné la fondatrice de la Fondation Tears, Mara Bennie. Il est nécessaire de prioriser une approche plus personnalisée pour chaque cas de violence basée sur le genre, en prenant en compte les circonstances, le langage et les besoins émotionnels de chaque femme.

Les lieux de travail ont été mis en avant comme des refuges potentiels pour les victimes de violence basée sur le genre, étant donné que de nombreux cas sont signalés pendant les heures de travail. Les employeurs ont donc un rôle crucial à jouer pour soutenir les victimes et les aider à trouver des solutions appropriées, en mettant à leur disposition des ressources confidentielles telles que des psychologues ou des conseils juridiques.

En conclusion, la lutte contre la violence basée sur le genre en Afrique du Sud nécessite une approche holistique et individualisée, impliquant tous les acteurs de la société, des autorités aux employeurs en passant par les organisations de la société civile. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette épidémie et garantir la sécurité et le bien-être de toutes les femmes du pays.