Fatshimétrie – Analyse des conséquences économiques du rapprochement diplomatique entre Paris et Rabat face à la brouille entre Paris et Alger
Le récent rapprochement diplomatique entre la France et le Maroc, illustré par le soutien du président Emmanuel Macron au plan marocain sur le Sahara occidental, suscite des questions quant à ses impacts économiques. En parallèle, les tensions persistantes entre la France et l’Algérie pourraient également avoir des répercussions sur les relations commerciales entre les deux pays. L’étude de ces dynamiques offre un regard éclairant sur les enjeux économiques et géopolitiques en jeu.
D’un côté, les signaux positifs envoyés par Paris envers Rabat soulignent une volonté de renforcer les liens économiques déjà existants. L’octroi de marchés tels que celui de l’assistance à maîtrise d’ouvrage de la LGV Kenitra-Marrakech à une entreprise française témoigne de la consolidation de ce partenariat. Cette tendance s’inscrit dans une perspective de diversification des secteurs d’investissement, allant des infrastructures aux énergies durables, en passant par les technologies. Cette réorientation vers le Maroc s’inscrit dans une logique de partenariat stratégique durable.
D’autre part, la réaction immédiate de l’Algérie, illustrée par le rappel de son ambassadeur à Paris, soulève des interrogations sur l’avenir des relations économiques entre les deux pays. Bien que les investissements français en Algérie soient inférieurs à ceux au Maroc en raison de la législation contraignante, les échanges commerciaux restent significatifs. Les exportations de produits agro-alimentaires français vers l’Algérie, ainsi que les importations croissantes de gaz algérien vers la France, illustrent la profondeur de ces relations économiques.
La question qui se pose désormais est de savoir si ces tensions diplomatiques auront un impact direct sur les échanges commerciaux entre la France et l’Algérie. Malgré les possibles tracasseries administratives qui pourraient émerger, il est peu probable que la dépendance énergétique, notamment en ce qui concerne le gaz, soit remise en cause brutalement. L’importance stratégique du gaz algérien dans l’équilibre commercial bilatéral incite à la prudence quant à des changements radicaux.
Enfin, la préservation de la stabilité des investissements reste un enjeu majeur pour l’Algérie, tant du point de vue économique que géopolitique. Les sanctions potentielles et la dégradation de l’image auprès des investisseurs en cas d’éviction d’entreprises françaises pourraient compromettre le développement des infrastructures gazières nécessaires à la croissance du pays. Cette contrainte souligne l’importance de maintenir un équilibre entre les intérêts politiques et économiques dans les relations internationales.
En définitive, le jeu diplomatique entre la France, le Maroc et l’Algérie comporte des enjeux économiques cruciaux qui nécessitent une approche nuancée et stratégique. Les liens tissés au fil des années dans des secteurs clés tels que l’énergie et les infrastructures devront être préservés malgré les tensions politiques. Seule une vision à long terme, basée sur la coopération et le respect mutuel, pourra garantir la pérennité des relations économiques dans cette région stratégique du monde.