Au cœur de la région déchirée de Gaza se trouve le passage frontalier de Kerem Shalom ou Karam Abu Salem, reliant le sud de Gaza à Israël. Ce point de connexion vital est devenu le symbole de l’effort humanitaire dans une zone en proie à la détresse et à la vulnérabilité.
La situation dans la bande de Gaza est sans précédent, suscitant des émotions intenses allant de la douleur à la peur, de la colère au désespoir, et de la perte à l’instabilité croissante. Après avoir vécu dans plusieurs zones de conflit au cours des 17 dernières années, j’affirme avec certitude que la combinaison explosive de ces éléments à Gaza risque de précipiter la région dans le chaos civil.
Le poids de la désolation et de l’incertitude a commencé à miner les codes moraux qui maintiennent la cohésion d’une société. Sans État de droit, sans force de maintien de la paix, sans aide humanitaire, Gaza est sur le point de sombrer dans le désordre civil. Cette instabilité ne sert que les intérêts apparents du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son gouvernement d’extrême droite, qui semblent éviter tout effort de paix durable tout en s’appropriant davantage de terres palestiniennes.
La fermeture du passage frontalier de Rafah a entraîné un déplacement massif de plus d’un million de personnes vers la partie centrale de la bande de Gaza. Cette évacuation forcée a forcé les habitants à s’installer sur des terres misérables où ils ont dressé leurs tentes, ajoutant une couche supplémentaire de souffrance à une situation déjà désastreuse.
La violence, le pillage et l’insécurité croissants à Gaza alimentent la peur de ce que les habitants appellent « la prochaine guerre » une fois l’offensive israélienne terminée. La dégradation totale de la sécurité et l’anarchie légale créent un terrain propice à la résurgence du Hamas, même si personne que j’ai rencontré ne souhaite les voir revenir au pouvoir.
Dans cet environnement apocalyptique, des gangs et des contrebandiers ont transformé certaines zones en zones de non-droit, profitant du chaos pour s’engager dans des activités criminelles. Les routes vital de l’aide humanitaire sont devenus des territoires dangereux et désolés, où le simple fait de voyager suscite l’appréhension.
Ainsi, le passage de Kerem Shalom ou Karam Abu Salem est devenu un point de passage critique, non seulement pour l’acheminement de l’aide humanitaire, mais aussi pour témoigner de l’urgence de la situation qui prévaut à Gaza. Avec le monde qui regarde, ce passage devient le symbole du besoin urgent de paix, de stabilité et de réconciliation dans une région déchirée par les conflits et les souffrances.
En ce lieu de passage entre l’espoir et le désespoir, entre la vie et la mort, se joue le destin du peuple de Gaza, qui a désespérément besoin d’une lueur d’espoir dans les ténèbres de la guerre et de la misère. Le chemin vers la paix et la justice semble long et ardu, mais c’est un voyage nécessaire et vital pour rétablir un semblant de dignité et de sécurité pour les habitants de Gaza et de la région environnante.
Le passage de Kerem Shalom, au-delà d’être une frontière physique, incarne l’espoir d’un avenir meilleur pour une population meurtrie, en attente d’un signe de solidarité et de compassion de la part de la communauté internationale. C’est à travers ces passages, et au-delà des frontières, que se dessine le chemin vers la réconciliation et la reconstruction d’une société brisée mais résiliente, prête à se relever malgré les défis qui se dressent sur son chemin.