Les Enseignements du 12 juin 1993 pour l’avenir du Nigeria

Dans le tumulte de l’histoire mouvementée du Nigeria, un événement marquant demeure ancré dans la conscience collective : le 12 juin 1993. Malgré l’absence déconcertante de l’histoire en tant que matière d’enseignement dans les salles de classe du Nigeria, cet événement reste un point de référence pour la population nigériane, même si cela reste souvent superficiel.

L’année 1993 a été le théâtre d’une élection présidentielle historique. Le Général Ibrahim Badamosi Babangida avait promis un retour à un gouvernement civil en 1990 après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État en 1985. La mise en place de la Commission électorale nationale en 1987 et la légalisation des partis politiques en 1989 semblaient confirmer cette transition vers la démocratie. C’est ainsi que le Parti social-démocrate (SDP) a choisi le célèbre MKO Abiola comme candidat présidentiel pour affronter Bashir Tofa du Parti de la Convention nationale républicaine (NRC) lors des élections du 12 juin 1993.

Malgré une victoire écrasante de MKO Abiola avec 58% des voix, l’élection fut annulée par le régime militaire de Babangida, déclenchant une série d’événements tragiques. L’arrivée au pouvoir du Général Sani Abacha en novembre 1993 a accru le chaos politique, conduisant à l’arrestation de MKO Abiola pour trahison envers l’État. Sa mort en détention en 1998, alors qu’il devait être libéré, a plongé le pays dans une profonde crise politique.

Les paroles prononcées par MKO Abiola dans son discours de déclaration de 1994 intitulé « Enough is Enough » résonnent encore aujourd’hui. Ses préoccupations relatives à l’économie, à la dette et à l’inflation, à l’instabilité politique et à la jeunesse désabusée restent d’une actualité saisissante. Les promesses de changement qu’il incarnait n’ont guère trouvé d’écho dans la réalité politique du Nigeria, où les mêmes défis persistent.

En effet, plus de trois décennies après ces événements, le Nigeria fait face à des défis économiques et sociaux similaires à ceux dénoncés par MKO Abiola. La dévaluation du naira, l’explosion de la dette publique, l’inflation galopante et le chômage élevé continuent de peser lourdement sur le pays. Les politiques gouvernementales erratiques, le manque de transparence et la corruption endémique ont contribué à maintenir le Nigeria dans un cercle vicieux de difficultés économiques.

Dans ce contexte, il est impératif pour les dirigeants actuels du Nigeria de tirer des leçons de l’histoire et de s’engager résolument sur la voie de la bonne gouvernance, de la transparence et du respect de l’État de droit. Seul un véritable engagement en faveur du bien-être de la population pourra permettre de tourner la page sombre des années passées et d’ouvrir un nouvel horizon de prospérité et de stabilité pour le Nigeria et ses citoyens.