La République démocratique du Congo face au défi de la dédollarisation : les enjeux de la directive de la BCC

Quand il s’agit de l’économie d’un pays, chaque décision prise par les autorités financières peut avoir un impact majeur sur la population et sur le fonctionnement global du système financier. Récemment, en République démocratique du Congo (RDC), une mesure prise par la Banque Centrale du Congo (BCC) a soulevé des débats et des interrogations quant à ses répercussions sur l’économie nationale.

La directive de la BCC obligeant les établissements de crédit et les sociétés financières à reconfigurer leurs Terminaux de paiement électroniques (TPE) pour n’accepter que les francs congolais est une initiative visant à favoriser l’utilisation de la monnaie nationale. Cette mesure s’inscrit dans une série de réformes entreprises pour lutter contre la dollarisation de l’économie et promouvoir l’inclusion financière, conformément à la vision de Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances.

L’objectif principal de cette décision est de stimuler la demande de franc congolais et de réduire la dépendance au dollar américain. Pour cela, la BCC prévoit de mettre en place un service de « switch monétique » facilitant les transactions bancaires et encourageant les paiements en monnaie locale. Cela devrait contribuer à renforcer l’économie nationale en limitant les échanges en devises étrangères.

Cependant, certains experts économiques soulignent les possibles effets négatifs de cette mesure. Selon le professeur Godé Mpoy, cette obligation de paramétrage en francs congolais des TPE risque d’aggraver l’inflation en transférant la perte de change des acheteurs aux vendeurs. Il met en garde contre une augmentation des prix résultant de cette contrainte, qui pourrait impacter directement le pouvoir d’achat des consommateurs.

Alors que la BCC entend dédollariser l’économie congolaise en favorisant l’usage du franc congolais, des voix se élèvent pour exprimer des réserves quant à l’efficacité de cette approche. AL Kitenge, stratège économique, estime que cette mesure ne suffira pas à atteindre cet objectif ambitieux, soulignant la complexité de la transition vers une économie basée principalement sur la monnaie nationale.

En définitive, l’avenir économique de la RDC dépendra de la manière dont cette décision de la BCC sera mise en œuvre et perçue par les acteurs économiques du pays. Il s’agit d’un équilibre délicat entre promouvoir la souveraineté monétaire nationale et garantir la stabilité financière dans un monde où les échanges internationaux jouent un rôle crucial.