Fatshimetrie
La fête de l’Aïd el-Kébir est une période significative pour de nombreux Tunisiens, marquant un moment de réflexion et de célébration. Cependant, cette année, une ombre plane sur la préparation de cette fête religieuse en raison de l’envolée des prix des moutons. Alors que la tradition veut que les familles sacrifient un mouton lors de l’Aïd, la réalité économique complexe de la Tunisie met certains Tunisiens face à un dilemme : peuvent-ils se permettre d’acheter un mouton cette année?
Les prix des moutons ont grimpé en flèche, atteignant des sommets inquiétants pour de nombreux ménages. Des images capturées sur un marché aux bestiaux à Tunis montrent des individus scrutant attentivement les animaux disponibles, calculant probablement comment concilier leurs aspirations religieuses avec leurs contraintes financières. Une scène à la fois familière et pourtant empreinte d’une urgence particulière cette année.
Cette réalité économique s’explique en partie par la hausse des coûts de production pour les éleveurs. Les prix des fourrages, tels que le tourteau de soja, ont augmenté de manière significative, obligeant même certains éleveurs à reconsidérer la pérennité de leurs activités. Le constat amer d’Amine Ouali, un éleveur qui a dû abandonner ses élevages, est révélateur de la tension économique qui pèse sur le secteur.
Face à ces défis, des voix s’élèvent pour encourager la prudence et la responsabilité financière. Lotfi Riahi, président d’une association de défense des consommateurs, met en garde contre le recours à l’endettement pour l’achat d’un mouton. Selon lui, la tradition du sacrifice ne doit pas être synonyme de difficultés financières pour les familles déjà fragilisées. Il appelle à une réflexion éthique et économique, invitant les Tunisiens à ne pas se mettre en difficulté pour respecter une pratique religieuse.
Cette dimension sociale et économique de la fête de l’Aïd el-Kébir en Tunisie révèle des enjeux profonds et soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre tradition et réalité économique. Alors que les familles se préparent à célébrer cette fête dans la ferveur religieuse qui la caractérise, elles se trouvent confrontées à des décisions complexes et empreintes de sens. Une période de célébration qui, cette année, prend une toute autre dimension, reflétant les défis que rencontrent de nombreux Tunisiens au quotidien.