Titre : Tragédie du 4 juin 1971 à l’Université Lovanium : un sombre épisode de l’Histoire congolaise
Dans le tumulte de cette journée du 4 juin 1971, l’Université Lovanium à Kinshasa s’est retrouvée plongée dans une tragédie d’une ampleur sans précédent. Deux ans après les massacres d’étudiants par la soldatesque du Parti-Etat, un groupe de meneurs décide de commémorer leurs camarades disparus en organisant un acte symbolique d’enterrement. Inspiré par l’histoire d’Antigone défiant le roi Créon pour enterrer son frère, ces étudiants courageux ont tenté de rendre hommage aux victimes, privées jusque-là de sépulture.
Cependant, cette tentative de célébration pacifique a rapidement tourné au cauchemar. L’armée est intervenue pour réprimer la manifestation, entraînant l’arrestation des meneurs et la fermeture de l’université. Dans un enchaînement de mesures répressives, près de 4000 étudiants ont été enrôlés de force, envoyés dans des camps militaires sous le commandement de Mobutu.
Les conditions d’enrôlement furent chaotiques, marquées par la brutalité et l’humiliation. Les nouveaux conscrits furent soumis à des entraînements rigoureux, des brimades et des lavages de cerveaux visant à les transformer en soldats dociles. Les événements du 4 juin 1971 ont laissé des cicatrices profondes dans l’histoire congolaise, rappelant le lourd tribut payé par une génération de jeunes sacrifiés au nom du pouvoir autoritaire.
Cette sombre page de l’histoire congolaise soulève des questionnements sur la justice et la mémoire collective. Le sort des étudiants martyrs, privés de sépulture et de reconnaissance, renvoie à une forme de karma négative qui continue de hanter les survivants. Malgré les procès qui ont suivi, mettant en lumière le courage et la détermination des étudiants face à l’oppression, l’absence de commémorations officielles pour ces événements laisse un goût amer d’injustice et d’oubli.
Les mouvements étudiants du 4 juin 1969 et 1971, premières contestations pacifiques du régime de Mobutu, marquent un tournant dans l’histoire de la contestation politique en RDC. Bien que n’ayant pas été célébrés à leur juste valeur, ces mouvements ont contribué à la prise de conscience et à la mobilisation de la jeunesse congolaise face à l’oppression. Ils demeurent des exemples de résistance et de courage pour les générations actuelles, appelant à ne pas oublier les sacrifices consentis pour la liberté et la dignité.
En conclusion, la tragédie du 4 juin 1971 à l’Université Lovanium reste un épisode sombre et marquant de l’Histoire congolaise, rappelant les luttes et les souffrances des étudiants face à l’oppression. C’est un rappel crucial de la nécessité de préserver la mémoire collective et de rendre hommage aux héros oubliés qui ont sacrifié leur vie pour un idéal de justice et de liberté.