Les élections de 2024 en Afrique du Sud : un tournant historique dans le paysage politique

En Afrique du Sud, les élections de 2024 ont marqué un tournant politique majeur dans l’histoire récente du pays. Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid il y a 30 ans, a enregistré une baisse significative de soutien, ne parvenant pas à obtenir la majorité absolue pour la première fois. Cette transition politique inédite intervient suite aux scandales de corruption et à la mauvaise gestion économique qui ont entaché la réputation de ce parti historique.

Les résultats des élections ont montré que l’ANC a obtenu 41,04% des voix, tandis que le parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a récolté 21,72%. Deux partis dissidents de l’ANC, le nouveau parti uMkhonto weSizwe (MK) dirigé par Zuma et le mouvement de gauche Economic Freedom Fighters (EFF), ont également remporté des scores significatifs.

Les électeurs, lassés des scandales et de l’incompétence politiques, ont exprimé leur mécontentement en optant pour des alternatives politiques. Cette fracture électorale oblige l’ANC à former une coalition pour gouverner un pays marqué par des inégalités profondes.

La déception vis-à-vis du président Cyril Ramaphosa, qui avait promis un « nouvel espoir » lors de son accession au pouvoir en 2018, reflète le désenchantement actuel de la population sud-africaine. Cela se traduit par un paysage politique fragmenté, où les négociations pour former une coalition s’annoncent complexes.

Les partis politiques auront désormais deux semaines pour trouver un accord de coalition, faute de quoi de nouvelles élections devront être organisées. Le leader de l’Alliance démocratique, John Steenhuisen, a critiqué le manque de leadership de l’ANC dans la gestion des affaires de l’ancien président Zuma, soulignant que cette inertie politique a favorisé l’émergence de nouvelles forces politiques.

La province côtière de KwaZulu-Natal, traditionnellement une forteresse de l’Inkatha Freedom Party (IFP), a été le théâtre de la montée en puissance de Zuma malgré ses nombreux scandales et les accusations qui pesaient contre lui.

Les analystes s’accordent à dire que la formation d’une coalition entre l’ANC et la DA est la solution la plus probable, bien que d’autres scénarios restent envisageables. L’avenir politique de l’Afrique du Sud est désormais empreint d’incertitude, mais certains voient dans ces résultats électoraux une avancée vers une démocratie plus mature et diversifiée.

Le paysage politique sud-africain n’avait pas connu une telle instabilité depuis les débuts de la démocratie en 1994. Malgré les défis et les divisions, ces élections pourraient marquer un pas en avant vers une gouvernance plus pluraliste et transparente, reflet d’une volonté populaire de renouveau et de changement.