**Fatshimetrie : Plongée dans les enjeux politiques de l’élection de 2024**
Alors que les tensions politiques montent en flèche et que la violence électorale semble de plus en plus plausible, il est grand temps pour les dirigeants et les citoyens de s’éloigner de la « politique des jets de pierres » pour se tourner vers une politique inclusive, robuste et transformative.
Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer des leçons tirées des Scénarios de Mont Fleur – un processus multipartite en 1991 et 1992 où des entités diverses se sont retrouvées pour imaginer des futurs possibles pour l’Afrique du Sud et comment une transition pourrait se produire. De ces scénarios, nous pouvons déduire quatre leçons cruciales pour les élections générales de 2024.
Une question qui a récemment pris une place centrale dans les esprits est de savoir si la récente signature du projet de loi sur l’Assurance Maladie Nationale par le Président Cyril Ramaphosa est une manœuvre électorale visant à convaincre les électeurs en faveur du parti au pouvoir. De nombreux détracteurs du projet de loi soulèvent le fait que le gouvernement ne peut être digne de confiance pour mettre en œuvre une telle loi, compte tenu de la corruption croissante et de l’échec des entreprises publiques. D’autres soulignent le fait que le gouvernement n’a pas les fonds nécessaires pour financer l’Assurance Maladie Nationale – une préoccupation qui rappelle le « scénario d’Icare » des Scénarios de Mont Fleur.
Le scénario d’Icare décrivait une transition dans laquelle un gouvernement démocratique entrant tentait de résoudre trop rapidement les inégalités en matière de dépenses publiques, drainant le trésor public et mettant le pays en faillite, symbolisé par le mythe grec d’Icare. Icare tenta de s’échapper de Crète sur des ailes de cire et de plumes, mais s’envola si haut que le soleil fit fondre la cire et les plumes, le jetant à sa mort.
L’Assurance Maladie Nationale met fortement en lumière les divisions et les tensions palpables dans le pays, alimentées par la frustration face à des problèmes tels que le manque d’emplois, la sécurité publique et les services de base en général. Ces divisions et tensions suscitent des inquiétudes quant à d’éventuelles violences pendant les élections.
Des informations rapportées par Fatshimetrie le 20 mai ont fait état de deux personnes, dont un enfant de neuf ans, blessées par balle lors des campagnes électorales du Congrès National Africain (ANC) et des Combattants de la Liberté Économique (EFF) à Seshego, dans la province de Limpopo. « Le porte-parole de la police, Hlulani Mashaba, déclare que plusieurs autres personnes ont été blessées lorsque des membres des deux partis se sont jetés des pierres les uns sur les autres, » indique le rapport.
Alors que le pays se prépare pour les élections du 29 mai, nous pouvons empêcher la « politique des jets de pierres » en tirant quatre leçons importantes des Scénarios de Mont Fleur.
L’exercice des Scénarios de Mont Fleur a réuni un groupe diversifié de parties prenantes, y compris des partis politiques, des organisations civiques, des institutions professionnelles, des départements gouvernementaux, des syndicats et des groupes commerciaux.
L’objectif était d’imaginer à quoi l’Afrique du Sud pourrait ressembler en 2002. Bon nombre des participants avaient des projections très différentes de ce que la nouvelle Afrique du Sud pourrait être après la libération de Nelson Mandela et les premières élections démocratiques. Il y avait une antipathie publique entre certains des acteurs, mais, grâce à un processus de dialogue soigneusement facilité, ils ont co-créé quatre scénarios plausibles pour des futurs possibles.
Ils étaient intitulés Autruche, Canard Boiteux, Icare et Vol des Flamants et ont été publiés initialement dans The Weekly Mail & The Guardian en juillet 1992. Un bref résumé des scénarios proposé par Beery et al. est le suivant :
– Autruche, dans lequel un règlement négocié de la crise en Afrique du Sud n’est pas réalisé et le gouvernement du pays continue à ne pas être représentatif ;
– Canard Boiteux, dans lequel un règlement est trouvé mais la transition vers une nouvelle dispensation est lente et indécise ;
– Icare, dans lequel la transition est rapide mais le nouveau gouvernement poursuit imprudemment des politiques économiques populistes insoutenables ;
– Vol des Flamants, dans lequel les politiques du gouvernement sont durables et le pays emprunte une voie de croissance inclusive et démocratique.
Ces récits ont joué un rôle dans la création d’une narration partagée et d’une compréhension commune parmi des acteurs très différents de ce qui pourrait se passer sans la prescription de solutions concrètes.
Plus de trois décennies après l’exercice, il n’y aura pas de consensus sur le scénario qui s’est déroulé depuis lors, mais un tel accord n’est pas nécessaire. Cependant, les circonstances qui ont engendré ces scénarios offrent des leçons opportunes pour aujourd’hui.
Je tire de cet exercice quatre leçons qui pourraient façonner la politique actuelle et future du pays.
Collaborer avec l’ennemi
Le Scénario de l’Autruche était nécessité par le fait que « certains éléments du gouvernement du Parti National (NP) et de la communauté des affaires souhaitaient croire qu’un accord avec leurs alliés, au lieu d’une négociation avec leurs opposants, pourrait suffire ». Où que soit votre engagement idéologique ou politique, il est clair que aucun secteur, parti politique ou institution unique n’a la réponse aux défis complexes auxquels le pays est confronté. Les amis et alliés qui voient et pensent de la même manière ne peuvent pas apporter la transformation nécessaire plaçant le peuple du pays au centre. Pour faire avancer le pays, les amis et les ennemis doivent collaborer.
L’animateur des Scénarios de Mont Fleur, Adam Kahane, qui est devenu par la suite l’un des cofondateurs de Reos Partners, plaide pour