Agriculture sud-africaine : L’espoir renaît avec le retour de La Niña

Fatshimetrie aux portes de l’été: l’agriculture sud-africaine en attente des pluies de La Niña
Des perspectives de retour du phénomène météorologique La Niña pour la saison de production agricole estivale 2024-2025 annoncent des lueurs d’espoir pour les agriculteurs sud-africains. La saison des récoltes vient tout juste de démarrer, et elle promet d’être chargée pour les producteurs et travailleurs des régions maïsicoles du pays. Alors que plusieurs secteurs agricoles se préparent à une période intense, la récente saison des plantations a été marquée par des défis liés aux irrégularités climatiques.

Au cours des deux premières semaines du mois de mai, 1,2 million de tonnes de maïs ont déjà été livrées dans les silos commerciaux, une indication encourageante pour le début de la nouvelle année de commercialisation des céréales. Les chiffres prévus pour l’ensemble de la récolte de maïs cette année s’élèvent à 13,3 millions de tonnes, selon les données du Comité des estimations des cultures des Services d’information sur les grains en Afrique du Sud.

Alors que les livraisons devraient augmenter dans les semaines à venir, il se peut que les chiffres de la semaine précédente montrent un ralentissement des activités de récolte. Certains agriculteurs ont pu prendre une pause pour assister au Nampo, l’une des plus grandes expositions agricoles de l’hémisphère sud, organisée à Bothaville, dans l’État libre.

Malgré les volumes de récolte satisfaisants, il est important de reconnaître que de nombreux agriculteurs ont subi des pertes importantes pendant la sécheresse de la mi-été, compromettant ainsi leur récolte cette année. Pour ces exploitants agricoles, l’espoir repose désormais sur la saison à venir, qui débutera en octobre.

Fort heureusement, les prévisions météorologiques laissent entrevoir un retour du phénomène La Niña pour la saison de production agricole estivale 2024-2025. Cette perspective apporterait les pluies bien nécessaires pour soutenir la production agricole en Afrique du Sud et dans la région d’Afrique australe.

Néanmoins, des tensions financières sont à prévoir dans les mois à venir en raison des pertes de récoltes significatives causées par la sécheresse. La récolte de maïs prévue de 13,3 millions de tonnes représente une baisse de 19 % par rapport à la saison précédente, et il reste à évaluer l’impact sur les finances des agriculteurs.

Cette récolte prévue devrait cependant être suffisante pour répondre à la consommation annuelle de maïs de l’Afrique du Sud, estimée à environ 12 millions de tonnes, laissant ainsi un faible volume disponible à l’exportation. Il est probable que les prix du maïs resteront élevés pour un certain temps en raison des possibles pénuries plus tard dans l’année.

La demande régionale en maïs, en particulier en maïs blanc, reste un important moteur des prix du maïs en Afrique du Sud. Le Zimbabwe, la Zambie et le Malawi ayant connu une mauvaise récolte, devront importer de grandes quantités de maïs plus tard dans l’année et au début de 2025.

En dehors du maïs, la récolte de grains d’été et d’oléagineux de l’Afrique du Sud en 2023-2024 est estimée à 16 millions de tonnes, en baisse de 20 % par rapport à la saison précédente. Cette estimation comprend également des cultures comme les graines de tournesol, le soja, le sorgho, les arachides et les haricots secs. La récolte de ces grains et oléagineux est en cours.

Il est évident que l’agriculture sud-africaine a traversé une saison difficile, marquée par des rendements médiocres entraînant une réduction de la production. Malgré une superficie légèrement plus importante ensemencée en grains d’été et oléagineux cette saison, la baisse de 20 % dans la récolte s’explique principalement par ces rendements inférieurs, et non par une diminution de la superficie cultivée.

Avec un temps relativement clair et chaud dans les jours à venir sur la majeure partie de l’Afrique du Sud, la communauté agricole s’affaire à compléter la récolte dans les zones ayant été épargnées par les malheurs de la sécheresse de la mi-été.

Wandile Sihlobo, économiste en chef de la Chambre de commerce agricole d’Afrique du Sud et chercheur principal au Département d’économie agricole de l’Université de Stellenbosch, souligne dans son dernier ouvrage « Un pays à deux agricultures » les enjeux et défis auxquels sont confrontés les agriculteurs du pays.