Dans les plantations de cacao du sud-ouest du Cameroun, situées à Muyuka, le chef Orok John inspecte avec précaution les jeunes plants de cacao. Ces dernières semaines, il s’est efforcé de trouver des traitements adaptés pour lutter contre les maladies des cabosses qui affaiblissent ses cultures.
Les producteurs locaux, comme lui, ont pris l’habitude de vendre leur récolte au Nigeria plutôt que sur le marché local, en raison de la concurrence entre les acheteurs locaux et nigérians qui a fait grimper les prix. Le chef John souligne l’importance de soutenir les usines de transformation locales pour produire du chocolat sur place, une pratique déjà en vigueur au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, afin d’accroître la valeur ajoutée du cacao et de renforcer l’économie locale.
La rareté du cacao sur le marché international ces dernières semaines a fait grimper le prix de la tonne à plus de 10 000 dollars. Cette situation a eu un impact considérable sur les trois principaux pays producteurs de cacao que sont le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, où l’offre peine à répondre à la demande croissante.
Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie, notamment le manque de qualité des cultures et le changement climatique. En effet, de nombreux producteurs ont négligé l’entretien de leurs plantations ces dernières années en raison de la faiblesse des prix du cacao, ce qui a entraîné une baisse des rendements. Par ailleurs, les perturbations climatiques telles que les fortes pluies inattendues ou le développement de moisissures ont également contribué à cette situation alarmante.
Au Cameroun, le prix du kilogramme de cacao a été multiplié par sept en l’espace d’un mois, passant de 900 à 7 000 francs. Cette augmentation soudaine a des conséquences désastreuses pour les transformateurs locaux tels que Hippolyte Nozawo Tchoffo, qui peinent à trouver suffisamment de matière première pour maintenir leur activité. En effet, le coût élevé du cacao se répercute sur le prix final des produits transformés, rendant ces derniers inabordables pour de nombreux consommateurs locaux.
Face à cette crise, le gouvernement s’est engagé à apporter une assistance financière aux agriculteurs afin qu’ils puissent produire du cacao de qualité répondant aux normes locales et internationales. Toutefois, certaines entreprises de transformation ont déjà suspendu leur production en attendant une amélioration des conditions économiques. Ces dernières réclament également un remboursement de la taxe à l’exportation pour alléger leurs charges financières et assurer leur survie à long terme.
En conclusion, la crise actuelle du cacao au Cameroun met en lumière la nécessité de repenser la filière cacao dans sa globalité, en investissant davantage dans la modernisation des plantations, la formation des agriculteurs et la promotion de la valeur ajoutée locale. Seul un effort collectif et une vision à long terme pourront permettre de surmonter les défis actuels et de garantir la viabilité de cette industrie cruciale pour l’économie du pays.