Fatshimetrie
Les eaux tumultueuses du fleuve Congo sont le théâtre de l’une des activités les plus importantes pour de nombreuses communautés en République Démocratique du Congo – la pêche artisanale. Selon les données du ministère de la Pêche et de l’Elevage, ce secteur représente 99 % de l’activité de pêche sur le fleuve et ses affluents. Cependant, malgré cette importante contribution à l’économie locale, il reste des défis majeurs à relever pour mieux organiser le secteur de la pêche et de l’aquaculture dans le pays.
Lors d’un récent atelier organisé par le Bureau interafricain des ressources animales de l’Union Africaine (UA-BIRA) avec le soutien financier de la Norvège et de la Suède, il a été souligné que la plupart des poissons disponibles sur le marché congolais sont en réalité importés de la Namibie. Cette dépendance vis-à-vis des importations souligne un besoin urgent de renforcer la production nationale de poissons pour garantir la sécurité alimentaire et créer des emplois localement.
Pour répondre à ce défi, le gouvernement de la RDC a récemment commandé huit bateaux de pêche de l’Égypte, dans le but de stimuler les activités de pêche au niveau national. Cette initiative est louable, mais elle ne suffira pas à elle seule à résoudre les problèmes structurels du secteur. Il est essentiel de mettre en place des mesures plus globales et durables pour promouvoir une pêche artisanale bien organisée et respectueuse de l’environnement.
La présidente nationale du Réseau pour le Développement Intégral du Congo (REDIC), Patricia Maisha Ishingwa, souligne que la bonne gestion des ressources halieutiques est essentielle pour assurer la durabilité de l’activité de pêche en RDC. Pour cela, il est nécessaire de renforcer la gouvernance et la réglementation du secteur, en veillant à ce que les pêcheurs locaux aient un accès équitable aux ressources et bénéficient de conditions de travail décentes.
Les experts en écologie du milieu aquatique, tels que le professeur Mutambwe Shango, mettent en garde contre les risques de surpêche et de dégradation des écosystèmes aquatiques. Ils appellent à une approche plus holistique de la gestion des ressources halieutiques, qui prenne en compte les aspects écologiques, sociaux et économiques de la pêche artisanale.
Enfin, les spécialistes en droit de l’eau, comme le professeur Aser Nzomfu, soulignent l’importance de renforcer le cadre juridique et réglementaire pour encadrer l’activité de pêche et protéger les droits des pêcheurs. Il est essentiel d’impliquer les acteurs locaux, les communautés riveraines et les organisations de la société civile dans l’élaboration de politiques et de stratégies visant à promouvoir une pêche artisanale durable et équitable en RDC.
En conclusion, pour mieux organiser le secteur de la pêche et de l’aquaculture en République Démocratique du Congo, il est impératif d’adopter une approche intégrée, inclusive et durable. Cela implique de renforcer la gouvernance, de protéger les écosystèmes aquatiques et de garantir des conditions de travail décentes pour les pêcheurs locaux. En travaillant ensemble et en impliquant toutes les parties prenantes, il est possible de transformer le secteur de la pêche en un moteur de développement économique et social pour tout le pays.