La crise entre la justice et l’église en RDC: un témoignage du Dr Denis Mukwege

L’affaire récente impliquant le Cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa, suscite une vive réaction de la part du Docteur Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018. La décision de la Cour de Cassation d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre du Cardinal a été perçue par le Docteur Mukwege comme une manifestation de l’instrumentalisation politique du pouvoir judiciaire et une indication de la dérive dictatoriale du système en place en République Démocratique du Congo.

Le fait que les autorités judiciaires congolaises aient engagé des poursuites à l’encontre de l’une des figures les plus importantes de l’Église catholique en Afrique soulève des questions quant au respect des libertés d’expression et d’opinion, garanties tant par la Constitution que par le droit international des droits de l’Homme. Le Docteur Mukwege souligne l’importance de ces libertés pour le bon fonctionnement d’une démocratie authentique, appelant au respect des voix dissidentes et critiques.

Le Procureur Général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a motivé la décision d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre du Cardinal Ambongo en l’accusant de perturber délibérément l’ordre public et de propager des discours incitatifs à la révolte. Ces accusations, selon Mvonde, s’inscriraient dans un contexte où le pays est déjà confronté à des défis sécuritaires majeurs dans sa partie Est, avec des propos pouvant affaiblir le moral des forces armées engagées sur le terrain.

La situation soulève des interrogations quant à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice en République Démocratique du Congo. L’intervention du Docteur Mukwege et sa condamnation de ce qu’il perçoit comme un abus de pouvoir judiciaire met en lumière une préoccupation plus large concernant l’état de la démocratie et des droits de l’Homme dans le pays.

En fin de compte, cette affaire met en exergue la fragilité des institutions et le besoin de renforcer l’État de droit en RDC. Le respect des libertés fondamentales, la garantie d’un processus judiciaire transparent et équitable, et le maintien d’un espace démocratique où la diversité des opinions est tolérée restent des piliers essentiels à la construction d’une société juste et équilibrée.

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Fatshimetrie : L’indignation autour du traitement du Cardinal Ambongo à l’aéroport de Ndjili
Actualite.cd : Information judiciaire contre le cardinal, cette démarche illustre l’instrumentalisation.