L’évolution de l’intelligence artificielle dans la surveillance des frontières: entre sécurité et vie privée

L’évolution technologique ne cesse de transformer notre monde, et l’une des manifestations les plus récentes de ce phénomène est l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle pour surveiller les frontières, comme le démontre le récent déploiement de ces technologies par les États-Unis le long de la frontière avec le Mexique.

Le secrétaire d’État à la sécurité intérieure des États-Unis, Alejandro Mayorkas, a initié en avril 2023 la création d’une équipe spécialisée dans l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins de contrôle des frontières. Cette décision répond à des impératifs de sécurité et de contrôle accru des flux migratoires et des activités illicites. Les intelligences artificielles sont désormais chargées de surveiller les cargaisons, d’identifier les biens produits par du travail forcé et de détecter les risques potentiels liés au transport de substances telles que le fentanyl.

Ces technologies, opérant à partir de dispositifs de surveillance automatisés, sont capables d’analyser les mouvements détectés le long de la frontière, que ce soient des animaux sauvages, du bétail, des véhicules des gardes frontières ou des déplacements suspects de personnes cherchant à entrer clandestinement aux États-Unis. Le déploiement de ces tours de surveillance automatisées, alimentées par l’énergie solaire, s’étend sur des terrains privés et des réserves indiennes, renforçant la surveillance sur une distance de plusieurs kilomètres le long de la frontière.

Toutefois, l’introduction de ces nouvelles technologies de surveillance soulève des préoccupations en matière de respect de la vie privée et des libertés individuelles. Les habitants des régions frontalières et les propriétaires de terrains s’inquiètent de cette surveillance constante et de la collecte de données personnelles potentielles. Mariana Trevino Wright, directrice du Centre national des papillons à Mission, souligne le caractère intrusif de ces dispositifs de surveillance et alerte sur les risques de dérives et d’abus dans l’utilisation de ces technologies.

En outre, l’intégration de chiens-robots pour vérifier les anomalies détectées par les intelligences artificielles marque une nouvelle phase dans l’automatisation de la surveillance frontalière. Ces robots, capables de transmettre des données de localisation et des vidéos, viennent compléter les dispositifs déjà en place, tels que les drones pilotés par les agents fédéraux. Cette évolution technologique suscite des inquiétudes quant à l’impact sur les libertés individuelles et le respect des droits fondamentaux.

Face à ces avancées technologiques, le débat sur la balance entre sécurité et respect des libertés individuelles est plus que jamais d’actualité. Il est essentiel de garantir que l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins de surveillance frontalière soit encadrée de manière stricte et transparente, afin de prévenir tout abus et de protéger les droits des citoyens. L’équilibre entre sécurité et respect de la vie privée doit être au cœur des politiques de mise en œuvre de ces technologies, dans le respect des valeurs démocratiques et des libertés individuelles.