Dans la région vitale de la commune de Bungulu, à Beni, une terrible onde de choc a frappé le quartier Sayo, forçant près de 20 000 âmes à abandonner leurs foyers face à la menace grandissante des ADF. Ce quartier autrefois si animé est désormais figé, comme pétrifié par l’insécurité qui y règne en maître. Les rues autrefois pulsantes de vie sont aujourd’hui désertes, les écoles ont fermé leurs portes, les commerces ont baissé rideau. Sayo, autrefois symbole de l’effervescence de la ville de Beni, est à présent devenu un quartier fantôme.
L’histoire de ce déplacement massif des habitants est aussi tragique que presque banale dans cette région meurtrie par les conflits armés. Un habitant rencontré par Radio Okapi, désespéré, raconte son errance d’un lieu à un autre, cherchant en vain un semblant de sécurité. Sa voix tremble d’une angoisse muette, ses mots sont porteurs d’un sentiment d’impuissance à l’égard de cette menace incessante que représentent les ADF. « Qu’on neutralise ces rebelles, comment pouvons-nous vivre ainsi? », s’interroge-t-il, laissant entendre l’écho des voix silencieuses de milliers d’âmes exilées de leur chez-soi.
La crise qui gangrène Sayo a des répercussions bien au-delà des frontières de ce quartier. En effet, Sayo est un poumon économique pour la ville de Beni, ses champs fertiles fournissant en denrées alimentaires la population avoisinante. La fermeture des commerces et des écoles laisse présager une crise humanitaire imminente, laissant des milliers de personnes dans une situation précaire, dépendant de l’aide extérieure pour leur survie.
L’appel lancé par les habitants désincarnés de Sayo résonne comme un cri de détresse dans un océan d’indifférence. Ils implorent l’action des autorités compétentes pour neutraliser cette menace qui les force à l’exil, pour rétablir la paix et la sécurité qui leur ont été si brutalement arrachées. Leur voix, chargée d’émotion et de souffrance, appelle à la solidarité et à l’action, rappelant au monde que derrière chaque chiffre statistique se cachent des vies brisées et des destins bouleversés.
Dans l’obscurité qui enveloppe Sayo, la lumière de l’espoir demeure ténu mais persistant. Les habitants déplacés gardent au fond de leur cœur le rêve de retourner un jour chez eux, de reconstruire ce qui a été détruit, de retrouver la chaleur et la sécurité de leur foyer. En attendant, ils errent, errants dans une réalité cauchemardesque, priant pour que la paix revienne enfin dans leur quartier désolé.
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