Fatshimetrie est un véritable miroir de l’actualité récente qui secoue le Sud-Kivu, en particulier la région de Fizi. Dans les villages reculés de Lulenge, le récit de la crise humanitaire s’intensifie, mettant en lumière le déplacement massif de près de 4 500 ménages suite à des affrontements entre factions armées hutus rwandaises du CNRD (ex-FDLR).
Le communiqué publié par le chef du secteur de Lulenge, Zawadi Kabandilwa Abambe, souligne le désarroi des populations contraintes de fuir leur foyer en raison des tensions entre les généraux Hamada et Théophile et de la peur des violences imminentes. Cette montée de la violence a entraîné un mouvement de panique généralisée, forçant les habitants à chercher refuge dans les villages d’Igomba, de Lusilu et de Kilembwe-centre.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, les conditions de vie des déplacés internes inquiètent. Des rapports de diarrhée dans le centre de santé de Lusilu soulignent la fragilité de la situation sanitaire des personnes déplacées, tandis que la scolarité des enfants de Kilembwe est compromise, plongeant ces jeunes dans une incertitude éducative préoccupante.
Face à cette crise, Zawadi Kabandilwa Abambe envisage une médiation entre les deux factions armées hutus rwandaises pour favoriser le retour des déplacés dans leurs villages d’origine. Mais la question demeure : comment garantir une médiation efficace dans un contexte de conflits persistants et d’instabilité régionale ?
La voix de la Nouvelle société civile congolaise de Kilembwe, à travers son coordonnateur Assani Musa Picaso, appelle quant à elle à une intervention rapide du gouvernement congolais et des acteurs humanitaires pour prévenir une catastrophe imminente. Le déplacement des réfugiés rwandais est perçu comme une urgence, une « bombe à retardement » potentielle qu’il convient de désamorcer sans délai.
Au-delà des chiffres et des rapports, c’est le visage de la détresse humaine qui se dessine dans les villages reculés de Fizi. Les drames individuels se fondent dans un tableau plus large de migrations forcées, de violences insidieuses et de destins brisés. Au-delà de l’actualité, c’est une question de dignité et de droits fondamentaux qui se joue dans les replis de Lulenge, interpellant notre conscience collective et notre devoir d’agir.