Fatshimetrie – Comment la technologie peut-elle améliorer les processus électoraux pour une gouvernance démocratique efficace ?
Au cours des dernières décennies, l’Afrique a souvent été confrontée à des cas de captation de l’État et de déclin démocratique. Dans un tel contexte, comment un continent peut-il garantir des processus électoraux libres, justes et participatifs pour une gouvernance démocratique efficace ? La technologie pourrait bien être la réponse à cette question pressante.
L’histoire de l’Afrique du Sud en matière d’élections sur support papier a généralement été qualifiée de libre et équitable. L’absence de contentieux devant la Cour électorale concernant la production des bulletins de vote ou les irrégularités de dépouillement en est la preuve tangible. Bien que l’Indépendant Electoral Commission (IEC) ait bien géré ces processus, l’inclusion récente de candidats indépendants sur les bulletins soulève de nouveaux défis qui pourraient nécessiter une transition vers le vote électronique.
L’impact de la longueur des bulletins de vote
L’augmentation attendue de la longueur des bulletins de vote papier en raison de l’inclusion de candidats indépendants, ainsi que la position relative de chaque candidat sur le bulletin physique, influencera certainement les campagnes politiques et le comportement des électeurs.
En plus de devoir concevoir des bulletins pour éviter les contrefaçons, l’allongement des bulletins de vote physiques augmentera les coûts de production des bulletins et pourrait intimider les électeurs. Une récente étude menée aux Philippines (où certains bulletins atteignaient 7 pieds de long) a révélé une conséquence involontaire de ces longueurs absurdes de bulletins. Les électeurs ont ressenti une surcharge cognitive qui a accru leur tension, particulièrement parmi les personnes âgées, illettrées ou ayant des besoins spéciaux.
L’importance de la position des candidats
Des recherches récentes suggèrent que cette fatigue du choix de bulletins, ou « roll-off », impacte la participation car les électeurs sont moins susceptibles de choisir un candidat positionné plus bas sur le bulletin. Selon des études, cette fatigue du choix peut réduire la participation électorale de 6 à 8 %.
Il a également été démontré que l’ordre alphabétique des noms des candidats ou des partis entraîne un biais de sélection involontaire. Certains conseils électoraux atténuent ce biais grâce à des sondages informels, la taille de la liste des membres du parti et les performances du parti lors de l’élection similaire précédente. Intéressant à noter, la position en haut ou en bas du bulletin est considérée comme une position primaire, et cela améliore les performances relatives des candidats. Ceux qui occupent une position primaire sont connus pour mener leur campagne en fonction de leur position pour remporter des votes grâce à des slogans astucieux comme « Votez en dernier – pour un impact durable » ou « Votez en premier pour le candidat en tête ».
Le coup de maître de l’IFP
Vous souvenez-vous des allégations selon lesquelles l’Inkatha Freedom Party (IFP) jouait un jeu risqué avec nos premières élections démocratiques en 1994 ? L’IFP n’est intervenu qu’après l’impression des bulletins, forçant ainsi une addition au bulletin. Certains observateurs pensent que c’était une stratégie pour garantir un avantage de positionnement sur le bulletin.
Est-il temps de passer au vote électronique ?
Pour contrer cette stratégie d’effet primaire dans le vote sur papier, Mary Beth Beazley a suggéré une rotation des bulletins qui aléatoire ou fait tourner le positionnement des candidats sur chaque bulletin imprimé. Elle a inventé la charmante expression « Un brin de rotation vaut mieux qu’une livre de litiges. » Cette rotation est cependant un défi majeur pour la production de bulletins. Randomiser les bulletins augmentera considérablement les coûts de production des bulletins, ce que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre. Tel est le paradoxe du progrès.
Cela ouvre la voie à une nouvelle approche radicale : le vote électronique. Le vote électronique consiste à capturer un vote de manière électronique et/ou à comptabiliser les votes électroniquement. Un pays est particulièrement vulnérable entre le début du vote et l’annonce des résultats. Le vote électronique offre rapidité et élimine cette période d’incertitude. Le Brésil en a fait la démonstration en annonçant les résultats du second tour quelques heures seulement après l’élection, malgré ses 156 millions d’électeurs.
La résurgence du vote électronique après le fiasco américain
À la suite des élections présidentielles américaines de 2020, le vote électronique a subi de sérieux dommages de réputation à l’échelle internationale. Le réseau Fox News a multiplié les allégations concernant le rôle des machines de vote Smartmatic et Dominion dans la défaite de Trump. Fox et Dominion Voting Systems ont été poursuivis, mais ont finalement reçu un règlement de 787 millions de dollars pour ces fausses accusations. L’affaire Smartmatic est toujours devant les tribunaux. Cette affaire est importante car le tribunal a conclu que les machines n’étaient pas truquées, renforçant paradoxalement la réputation et la fiabilité du vote électronique.
Est-il temps de franchir le cap du numérique ?
Le vote électronique a la capacité de randomiser les candidats, avec une navigation facile et une aide à la recherche pour les longues listes de candidats, ainsi qu’une assistance adaptée pour les électeurs handicapés. Les jeunes électeurs ont également plus de chances de s’engager de manière significative dans un processus de vote électronique que dans un processus sur papier.
Face aux gouvernements de coalition inconfortables actuels et au potentiel de coalitions nationales et provinciales renforcées, le vote électronique peut faciliter une démocratie plus efficace et participative grâce à des référendums ou des plébiscites électroniques plus fréquents.
Les principaux défis, cependant, résident dans les coûts d’investissement élevés, la fiabilité du réseau et la nécessité de changer l’écosystème de vote. Que nous le voulions ou non, nous vivons dans un monde instantané et numérique. Nous voulons un système électoral moderne, efficace et équitable, et la technologie offre une voie à suivre pour y parvenir.
Liens utiles pour approfondir ce sujet :
– E-voting versus paper ballots