New Delhi, la capitale de l’Inde, étouffait sous un épais nuage de fumée toxique mardi, suite à un incendie survenu dans une immense décharge, le dernier d’une série de feux de décharges que les autorités peinent depuis des années à contrôler.
Des sections de la décharge de Ghazipur à New Delhi ont pris feu dimanche, provoquant une chaleur dangereuse et des émissions de méthane, venant s’ajouter aux défis croissants en matière de climat en Inde. Mardi, l’incendie dans la plus grande décharge de la capitale avait largement été maîtrisé, mais les habitants vivant à proximité se plaignaient d’irritations de la gorge et des yeux dus à l’air âcre persistant, selon des rapports des médias locaux.
La cause de l’incendie reste inconnue; les feux de décharge sont souvent déclenchés par les gaz combustibles provenant de déchets en décomposition.
Chaque année, alors que le mercure grimpe pendant les étés torrides de New Delhi, les décharges de la ville s’embrasent, avec des déchets en décomposition contribuant aux émissions de gaz méthane, responsables du réchauffement climatique en Inde.
Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre le plus abondant après le dioxyde de carbone, mais il est un contributeur plus puissant à la crise climatique car il retient davantage de chaleur. L’Inde produit plus de méthane à partir de sites de décharge que tout autre pays, selon GHGSat, qui surveille les émissions via des satellites.
La montagne de déchets à Ghazipur n’est que l’une des quelque 3 000 décharges indiennes débordant de déchets en décomposition et émettant des gaz dangereux, selon un rapport de 2023 du Centre for Science and Environment, un organisme de recherche à but non lucratif de New Delhi. S’élevant à 65 mètres (213 pieds), elle est presque aussi haute que le Taj Mahal historique, une verrue qui domine les maisons environnantes, nuisant à la santé des habitants.
L’exposition au méthane peut aggraver les maladies pulmonaires, provoquer de l’asthme et augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral, selon l’Initiative mondiale pour l’air pur.
Les émissions de méthane ne sont pas le seul danger provenant des décharges. Au fil des décennies, des toxines se sont infiltrées dans le sol, polluant l’approvisionnement en eau de milliers de personnes vivant à proximité.
Les autorités peinent à trouver des solutions au problème. Plus de 2 300 tonnes métriques de déchets solides arrivent à la décharge de Ghazipur chaque jour, selon un rapport de juillet 2022 d’un comité chargé de réduire les incendies sur place.
La Municipal Corporation de Delhi déploie des drones tous les trois mois pour surveiller la taille de la montagne de déchets et expérimente des moyens d’extraire le méthane, indique le rapport.
Mais les autorités peinent à suivre le flux de déchets sur le site, qui a dépassé sa capacité en 2002.
Le comité a déclaré que le bio-minage pour extraire le méthane progressait lentement et qu’il était « très peu probable que les autorités locales atteignent leur objectif de ‘niveler la montagne de déchets’ cette année.
Les solutions au problème des déchets ont été décrites dans un rapport gouvernemental indien de 2019, qui recommandait de formaliser le secteur du recyclage et d’installer plus d’usines de compostage. Bien que des améliorations aient été apportées dans le pays, telles qu’une meilleure collecte des ordures de porte à porte et le traitement des déchets, les décharges en Inde continuent de croître.