Alfredo Jaar : Entre photographie documentaire et engagement humanitaire

Alfredo Jaar, un artiste chilien de renom, s’est imposé comme une figure incontournable dans le paysage artistique sud-africain depuis plus d’une décennie. Sa présence indéniable a suscité admiration et respect, aussi bien localement qu’à l’échelle internationale.

Pourtant, le chemin parcouru par l’artiste n’a pas été sans obstacles. En 2020, son exposition solo au Zeitz MOCAA du Cap, consacrée à son travail sur le génocide rwandais de 1994, a été perturbée par la pandémie de Covid. Les subtils défis et les réflexions poignantes de l’exposition ont largement échappé à l’attention du public.

Il existe également des préjugés persistants quant à la définition de la photographie documentaire et à la manière dont elle devrait être présentée en exposition. Pour certains Sud-africains, Jaar représente un écart par rapport au courant dominant de la photographie documentaire, une opinion partagée par feu David Goldblatt.

En 2012, Jaar a exposé ses photographies des mineurs artisans travaillant dans une mine d’or à ciel ouvert à Serra Pelada, au Brésil, aux côtés de celles de Goldblatt. L’exposition, organisée à la Goodman Gallery de Johannesburg, fut un événement marquant pour Jaar, mais moins au départ pour Goldblatt.

« David était une figure, une légende », confie Jaar à un petit groupe de collectionneurs réunis lors d’une récente matinée à son exposition à la Goodman Gallery du Cap. « Je n’arrivais pas à croire que j’allais exposer avec lui. »

Initialement sceptique quant à la proposition de la galeriste Liza Essers d’exposer les œuvres des deux artistes côte à côte, Goldblatt a vu son opinion évoluer après une conférence improvisée organisée par Jaar à la galerie pour expliquer sa démarche artistique.

Tout comme lors de sa récente visite à l’exposition The Geometry of Solitude à la Goodman Gallery du Cap, Jaar a saisi l’occasion de la conférence de 2012 pour rectifier une idée fausse sur les images du photographe de Magnum, Sebastião Salgado, de la même mine d’or dans le nord-est du Brésil. Salgado a commencé à visiter Serra Pelada en 1986, un an après la visite de Jaar, qui a donné lieu à une exposition de 81 affiches de la mine installées dans le métro de New York.

« J’ai gagné son respect et j’ai passé une journée entière dans son camion avec lui, à traverser Johannesburg. »

Au cours d’un petit déjeuner après la visite de l’exposition actuelle de Jaar montrant des photographies de réfugiés afghans, rwandais, soudanais et vietnamiens, Jaar a avoué n’avoir pris aucune photo lors de sa journée avec Goldblatt. Pas même une photo obligatoire des deux hommes côte à côte. Rien. Il a ri avec humour.

Cela soulève la question : quel type de photographe est Jaar s’il rate une telle opportunité ?

Selon de nombreux critères, Jaar, New-Yorkais depuis 1982, est un photographe sérieux. Il utilise systématiquement la photographie, qu’il s’agisse de ses propres œuvres ou de celles d’autres artistes, pour examiner les conflits et les migrations dans un monde post-colonial, explorant non seulement leur existence mais aussi les complexités autour de leur représentation.

Depuis ses débuts en solo à Santiago en 1979, Jaar a exposé à grande échelle et de manière cohérente. Son travail…

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