Les discours de haine et la gestion des communautés : Une problématique persistante en période électorale
La montée des discours de haine à l’encontre de certaines communautés est un phénomène alarmant qui se manifeste de manière préoccupante lors des périodes de campagne électorale. Récemment, au Tanganyika, lors d’une discussion communautaire, nos équipes ont été témoins de propos discriminatoires visant les kasaïens, les qualifiant de « mauvaises personnes » et remettant en cause leur capacité à diriger le pays.
Ces discours haineux, en plus d’attiser la tension ethnique, peuvent constituer une infraction pénale selon l’ordonnance-loi du 25 mars 1960 réprimant le racisme et l’intolérance religieuse. En effet, les inscriptions murales, les gestes, les paroles ou les écrits visant à provoquer, entretenir ou aggraver les tensions entre races, ethnies ou confessions sont passibles de sanctions pénales allant d’un mois à un an de servitude pénale et d’une amende pouvant atteindre 3 000 francs.
Il est important de rappeler que la gestion d’un pays est l’affaire des partis politiques, et non celle d’une communauté en particulier. La loi sur l’organisation et le fonctionnement des partis politiques stipule clairement que ces derniers doivent veiller à leur caractère national et ne pas s’identifier à une famille, un clan, une tribu, une ethnie, une province, une race, une religion, une langue ou un sexe. Ainsi, réduire une communauté à un parti politique ou à une mouvance au pouvoir est contraire à la loi et ne reflète pas la réalité diversifiée d’une communauté donnée.
Il est également essentiel de comprendre que la responsabilité pénale est individuelle et ne peut être généralisée à une communauté tout entière. Si un dirigeant d’origine kasaïenne se révèle défaillant, cela n’implique en aucun cas que l’ensemble de la communauté kasaïenne partage la responsabilité de ses actes. Il est donc primordial de ne pas stigmatiser une communauté entière en raison des crimes présumés commis par certains de ses membres. La responsabilité pénale diffère de la responsabilité civile, qui consiste à réparer les dommages causés à autrui. La responsabilité pénale, quant à elle, implique une action de l’État pour trouble à l’ordre public.
Il est crucial de sensibiliser la population sur les dangers des discours de haine et du tribalisme, tout en luttant contre la désinformation et les rumeurs qui peuvent briser la cohésion sociale. La vulgarisation de ces notions via des canaux de communication tels que le bulletin Sango ya Bomoko est un pas en avant vers la construction d’une société plus tolérante et respectueuse de la diversité.
En conclusion, la période électorale ne doit pas servir de prétexte à la propagation de discours de haine et de stigmatisation des communautés. La gestion d’un pays repose sur les épaules des partis politiques, et la responsabilité pénale est individuelle. Il est de notre devoir de promouvoir l’unité, le respect mutuel et la coexistence pacifique pour bâtir un avenir meilleur.