Le trafic illicite d’or au Sahel : une menace grandissante pour les pays producteurs et la stabilité régionale

Le trafic illicite d’or au Sahel : une menace croissante pour les pays producteurs

L’or, précieux métal convoité à travers les siècles, a toujours été synonyme de richesse et de prospérité. Malheureusement, dans la région du Sahel, il est devenu l’une des principales sources de financement pour les groupes armés et une véritable menace pour les pays producteurs tels que le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger.

Selon un rapport récent de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’exploitation de l’or au Burkina Faso et au Mali a considérablement augmenté au cours des dix dernières années. Ces deux pays sont désormais parmi les principaux producteurs d’or du continent africain, avec le Burkina Faso occupant la troisième place.

Pourtant, ces chiffres sont largement sous-estimés, car ils ne tiennent pas compte de la production d’or contrôlée par les groupes armés, en particulier dans le nord du Mali. Et c’est là que réside le véritable défi : la régulation et la surveillance de l’exploitation artisanale et informelle de l’or.

Le rapport de l’ONUDC souligne que le trafic illicite d’or au Sahel a atteint des proportions alarmantes, avec un montant estimé à 12,6 milliards de dollars en 2021 pour les quatre pays concernés. Cette manne financière représente une opportunité de développement économique pour ces pays, mais elle risque également de saper leur stabilité et leur sécurité.

En effet, le trafic d’or est devenu une source de financement importante pour les groupes armés qui sévissent dans la région. Ils exploitent les fragilités des systèmes de gouvernance, la corruption et les lacunes dans la réglementation pour acheter de l’or provenant des mines artisanales et l’écouler sur le marché international.

Une autre problématique soulignée par le rapport est l’inefficacité des contrôles aux frontières. Les quantités déclarées d’or exporté par certains pays, comme le Mali, sont largement inférieures aux quantités réellement importées par d’autres pays, tels que les Émirats arabes unis. Cela témoigne d’un manque de transparence et d’une facilité accrue pour les trafiquants d’or de faire passer leur marchandise illégalement.

Face à cette situation préoccupante, l’ONUDC appelle les pays du Sahel à renforcer leurs efforts pour réglementer le secteur minier, à accorder davantage de licences d’exploitation minière et à intensifier les contrôles aux frontières. Il est essentiel d’offrir aux mineurs artisanaux des opportunités légales et sécurisées pour vendre leur or, afin de contrer l’attrait de l’or illicite pour les groupes armés.

De plus, la coopération régionale et internationale est cruciale pour lutter contre le trafic illicite d’or au Sahel. Les États doivent échanger des informations, renforcer leur capacité de recherche et de saisie, et collaborer avec les organisations internationales pour mettre un terme à cette menace grandissante.

En conclusion, le trafic illicite d’or au Sahel représente une menace croissante pour les pays producteurs et pour la stabilité de la région. Il est impératif de mettre en place des mesures strictes de réglementation et de contrôle, tout en offrant des alternatives légales et sécurisées pour l’exploitation artisanale de l’or. La lutte contre ce trafic ne peut réussir qu’à travers un effort collectif, tant au niveau régional qu’international.