« Goodbye Julia : Le premier film soudanais sélectionné à Cannes, témoignage puissant sur les fractures d’un pays en guerre »

Avec le film « Goodbye Julia », le réalisateur soudanais Mohamed Kordofani a marqué l’histoire du Festival de Cannes en devenant le premier réalisateur soudanais à être sélectionné officiellement. Malheureusement, ce film n’a pas réussi à conjurer les tragédies qui déchirent le Soudan et le Soudan du Sud. Sorti en salles en France le 8 novembre dernier, le film met en lumière les profondes fractures qui marquent le peuple soudanais, allant du racisme à la ségrégation.

Le réalisateur a dédié ce film à son père et à la transmission de son nom. Au lieu d’avoir un fils pour perpétuer le nom de famille, Kordofani a décidé de réaliser un film qui vivrait pour toujours, au-delà de la simple existence d’un garçon. Malheureusement, son souhait de retrouver la paix pour son pays n’a pas été réalisé. Le tournage du film a coïncidé avec le coup d’État militaire et le début de la guerre au Soudan en avril 2023. L’équipe a dû fuir le pays, tout comme de nombreux amis et membres de la famille du réalisateur. Pendant le Festival de Cannes, Kordofani a été impuissant face aux images de sa ville en feu diffusées sur les réseaux sociaux. La guerre a déjà causé de nombreuses pertes humaines et a déplacé des millions de personnes.

« Goodbye Julia » raconte l’histoire de deux femmes que tout oppose : leur origine, leur couleur de peau, leur classe sociale, leur famille. Les deux actrices principales, Eiman Yousif et Siran Riak, incarnent magnifiquement ces personnages situés à un moment clé de l’histoire de leur pays. Mona, jouée par Eiman Yousif, est une ancienne chanteuse originaire du nord du Soudan, qui prend soin de Julia, jouée par Siran Riak, une jeune veuve chrétienne originaire du sud du Soudan. Mais Julia ignore la véritable intention de Mona, qui appartient à la majorité arabe du nord du pays.

Le réalisateur explique que le film parle de transformation, en se basant sur sa propre expérience. Il s’identifie à tous les personnages et les a inspirés grâce à différentes phases de sa vie. Le référendum sur l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 a été un moment clé pour lui, révélant les problèmes de racisme et de préjugés qui existent dans tout le pays. Kordofani espère que son film contribuera à briser le cercle de la violence et à entamer une réconciliation à long terme pour le Soudan.

A travers « Goodbye Julia », Mohamed Kordofani a voulu témoigner des réalités qui déchirent le Soudan et le Soudan du Sud. Son film met en lumière les divisions, les luttes et les souffrances qui marquent le pays, avec l’espoir de contribuer à un changement positif. En tant que premier réalisateur soudanais sélectionné dans un festival aussi prestigieux que Cannes, Kordofani ouvre la voie à une nouvelle génération de cinéastes soudanais qui veulent faire entendre leur voix et raconter leurs histoires. Un véritable symbole d’espoir pour un avenir plus pacifique et inclusif.