La suppression de l’aide médicale d’État (AME) suscite de vives réactions de la part du personnel soignant et des associations d’aide aux migrants. Cette décision politique, votée par le Sénat dans le cadre du projet de loi immigration, inquiète quant aux conséquences sanitaires sur la population et la saturation de l’hôpital public.
Parmi les voix qui s’élèvent contre cette mesure, on trouve le directeur de l’AP-HP, la Fédération Hospitalière de France (FHF) ainsi que de nombreux personnels soignants. La FHF qualifie la suppression de l’AME d' »hérésie humanitaire, sanitaire et financière », soulignant que limiter l’accès aux soins pour les migrants entraînerait une dégradation de leur état de santé, mais également celui de l’ensemble de la population.
L’AME, instaurée en 2000, permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins s’ils peuvent prouver une résidence d’au moins trois mois en France et un faible niveau de ressources. En 2022, près de 400 000 étrangers ont bénéficié de l’AME, pour un budget de 1,2 milliard d’euros. Il s’agit d’une augmentation de 33 % par rapport à 2018, principalement due à l’augmentation du nombre d’arrivées de migrants en France.
Cependant, le coût de l’AME représente seulement 0,5 % du budget de la Sécurité sociale. La suppression de l’AME n’était d’ailleurs pas initialement prévue dans le projet de loi, mais a été proposée par la majorité de droite du Sénat. Pour les détracteurs de l’AME, cette mesure représente un gouffre financier pour les Français, mais les défenseurs pointent du doigt le non-sens en termes de santé publique.
En effet, certains experts affirment que limiter l’accès aux soins pour les migrants pourrait conduire à une dégradation de leur santé et favoriser la propagation de maladies contagieuses. Matthias Wargon, chef de service des urgences et du SMUR de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, souligne que les migrants sont déjà moins enclins à se soigner que le reste de la population, et cette mesure les inciterait à attendre le dernier moment pour consulter, augmentant ainsi les risques liés à des maladies avancées et contagieuses.
La suppression de l’AME soulève donc des enjeux de santé publique importants. Les conséquences pourraient être une dégradation de la santé des migrants, mais aussi une saturation accrue de l’hôpital public. Il est donc impératif de prendre en compte ces réalités et d’envisager des solutions qui garantissent l’accès aux soins pour tous, dans le respect des principes humanitaires et de la santé publique.