Le développement de l’énergie nucléaire continue de susciter de l’intérêt dans de nombreux pays à travers le monde. Récemment, le Burkina Faso et le Mali ont annoncé leur intention de se lancer dans l’énergie nucléaire civile, en signant des accords de coopération avec la société russe Rosatom. Cependant, le chemin vers la production d’électricité nucléaire n’est pas un processus facile ni rapide.
La mise en place de l’énergie nucléaire nécessite des étapes préliminaires importantes. Il est essentiel de former du personnel qualifié pour travailler dans ce domaine, d’établir une autorité de sûreté nucléaire et de faire approuver cette dernière par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Ces processus prennent du temps, comme l’explique Ludovic Dupin, directeur de l’information de la société française d’énergie nucléaire.
Prenons l’exemple de la Pologne, qui a initié son programme nucléaire en 2013 et a récemment obtenu l’approbation de l’AIEA en 2023. Qu’il s’agisse de promoteurs russes, américains ou français, l’établissement d’une autorité de sûreté nucléaire et la formation d’inspecteurs de sûreté nucléaire prend du temps considérable. C’est un processus complexe qui nécessite l’expertise de spécialistes du domaine.
Dans le cas du Mali, le pays envisage la construction de quatre centrales nucléaires d’une capacité de 55 mégawatts chacune. Quant au Burkina Faso, il se tournerait vers la technologie des SMR (Small Modular Reactor ou petits réacteurs modulaires) pouvant atteindre une capacité de 300 mégawatts. Certains considèrent cet engagement comme une simple annonce politique, mais Lassina Zerbo, ancien Premier ministre du Burkina Faso et président du conseil d’administration du Rwanda Atomic Energy Board, estime que cela reste réalisable grâce aux avancées technologiques récentes.
En effet, les technologies nucléaires ont considérablement évolué ces dernières années. Les SMR et les nanoréacteurs sont désormais envisagés, permettant de réduire la consommation d’eau et d’uranium par rapport aux centrales nucléaires conventionnelles. Grâce à des méthodes de refroidissement au gaz et à d’autres innovations, la taille des installations nucléaires peut être réduite. Pour les pays africains, cela ouvre des perspectives réalistes de développer une énergie nucléaire sûre et durable.
Cependant, la mise en œuvre de tels programmes nucléaires soulève des questions de sécurité. Les pays de la région sont confrontés à des défis sécuritaires tels que le terrorisme, ce qui nécessite une évaluation approfondie. Des études de faisabilité seront essentielles, non seulement du point de vue technique mais aussi en ce qui concerne la sécurité des installations. Il est donc crucial de prévoir les mesures nécessaires pour garantir la sûreté des centrales nucléaires dans ces contextes spécifiques.
Il convient également de noter que, sur le continent africain, seul l’Afrique du Sud dispose actuellement d’une centrale nucléaire opérationnelle. Des pays comme l’Égypte, en partenariat avec Rosatom, développent également leurs programmes nucléaires. Il est donc essentiel de mener des études approfondies, de former un personnel qualifié et de garantir la sécurité des installations pour assurer le succès de ces initiatives. L’énergie nucléaire pourrait ainsi jouer un rôle important dans le développement énergétique de ces pays, offrant une source fiable et propre d’électricité pour répondre aux besoins croissants de la population.