Le marché aux zébus d’Ivohitra à Antsirabe, à Madagascar, est actuellement secoué par un vent de colère. Les éleveurs de bovins subissent de plein fouet les conséquences de l’inflation qui rend la vente de leurs bêtes de moins en moins intéressante et l’achat de nouvelles bêtes de plus en plus difficile. Cette situation a été exacerbée par les tensions politiques de 2009, 2018 et plus récemment la pandémie de Covid-19.
Au marché, les acheteurs et les vendeurs sont unanimes sur la hausse des prix, qui touche toutes les espèces animales présentes, des zébus aux taureaux en passant par les porcs. Edmond, l’un des plus grands éleveurs du marché, explique que le prix d’un zébu est passé de 1 million à 1,2 million d’ariarys à 1,7 million d’ariarys. Cette augmentation des prix a un impact direct sur les acheteurs qui sont souvent contraints de renoncer à l’achat. Les éleveurs, quant à eux, parviennent parfois à réaliser un léger bénéfice, mais cela ne compense pas le désavantage des acheteurs.
Janson, un vendeur présent sur le marché, affirme que malgré son tee-shirt à l’effigie du président sortant, il n’est pas engagé politiquement. Pourtant, il compte bien faire entendre sa voix lors de l’élection présidentielle qui approche. Il dénonce la souffrance de l’élevage actuel, avec la sécheresse des terres et le manque d’eau pour nourrir les animaux. Il accuse le gouvernement de ne rien faire pour les éleveurs et de les exploiter. Il prend pour exemple le carnet du bovin, qu’il faut changer chaque année en payant un montant élevé alors qu’il devrait normalement durer cinq ans.
Martial, un autre éleveur présent sur le marché, exprime ses inquiétudes en tant que novice dans le métier. Il attend du prochain président qu’il aide les éleveurs à être à égalité avec les autres et à devenir plus professionnels. Il affirme qu’il exercera son devoir de citoyen en allant voter.
La réalité est que de nombreux éleveurs ont dû abandonner leurs animaux à cause des tensions politiques et de la pandémie. Ceux qui restent espèrent aujourd’hui un soutien à la hauteur de leur importance dans le pays, car les éleveurs bovins représentent plus d’un tiers des ménages à Madagascar.
Il est clair que la situation préoccupante du marché aux zébus d’Ivohitra à Antsirabe reflète les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontés les éleveurs de bovins à Madagascar. La hausse des prix, les contraintes administratives et le manque de soutien du gouvernement sont autant de facteurs qui pèsent sur leur activité. Il est primordial que les autorités prennent en compte ces problématiques afin de garantir la pérennité de l’élevage bovin dans le pays.