Paulette Missambo : une figure marquante de la transition gabonaise
Depuis son départ du Parti Démocratique Gabonais (PDG) il y a quatorze ans, Paulette Missambo s’est imposée comme une figure incontournable de l’opposition au régime défunt d’Omar Bongo. Récemment nommée présidente du Sénat de transition, elle ouvre ainsi une nouvelle page de son engagement politique. Mais cela signifie-t-il qu’elle a renoncé à son rêve de devenir présidente de la République ?
Dans son discours inaugural du Sénat, Paulette Missambo exprime toute l’émotion qui l’envahit à ce moment particulier. Elle pense d’abord à tous ceux qui ont lutté pour la liberté et qui ont perdu la vie en cours de route. Elle pense ensuite au peuple gabonais, qui a accueilli favorablement le changement apporté par la transition. La responsabilité qui pèse sur ses épaules pour faire de cette période de transition une réussite est immense.
Malgré les promesses du général Brice Clotaire Oligui Nguema quant à l’organisation d’élections libres, la question de la date inquiète certains. Pour Paulette Missambo, l’important est de mettre en place les conditions nécessaires à des élections transparentes et crédibles. Elle suggère ainsi la tenue d’un dialogue national afin de définir ces conditions, laissant ainsi la possibilité d’une commission vérité et réconciliation pour faire toute la lumière sur les événements tragiques qui ont suivi la présidentielle de 2016.
La question du rôle de Paulette Missambo dans cette transition se pose également. Selon la charte de la transition, aucun dirigeant de celle-ci ne peut se porter candidat à l’élection présidentielle qui mettra fin à la transition. Paulette Missambo affirme ne pas avoir une obsession de devenir présidente et s’est engagée à contribuer à la mise en place des conditions nécessaires à des élections libres. Elle estime que le moment est venu compte tenu des combats menés contre les élections tronquées par le passé. Elle exprime également sa confiance envers le général Oligui Nguema, affirmant qu’il est prêt à faire de la place aux politiques et aux forces vives de la nation.
Le projet de dialogue national est évoqué, et Paulette Missambo souligne l’importance de débattre de la question de la Constitution et des problèmes liés au processus électoral. Elle rappelle avoir présenté un mémorandum au gouvernement sortant, mais que celui-ci n’a pas été pris en compte.
En ce qui concerne la durée de la transition, Paulette Missambo estime qu’elle ne doit pas égaler la durée d’un mandat présidentiel. C’est au dialogue national et au président de la transition d’en décider, en recherchant la meilleure solution.
Enfin, la question de la présence militaire française au Gabon est soulevée. Paulette Missambo souligne que la situation au Gabon n’est pas comparable à celle des pays où les militaires français ont été chassés, qui font face à des crises sécuritaires liées au terrorisme. Elle rappelle que les accords de défense sont du ressort du chef de l’État et recommande à la France d’écouter les peuples africains et leurs aspirations à un avenir meilleur.
Avec Paulette Missambo à la tête du Sénat de transition, le Gabon entre dans une nouvelle ère politique. Son engagement pour des élections justes et transparentes ainsi que son désir de participer à la construction d’un dialogue national reflètent sa volonté de faire avancer le pays vers un avenir meilleur. Le chemin vers la fin de la transition et l’élection présidentielle reste encore à définir, mais avec des acteurs comme Paulette Missambo, l’espoir d’un Gabon meilleur demeure.