« Femmes agricoles en Tunisie : un transport dangereux menace leur vie et leurs droits »

Dans un contexte où les avancées législatives ne semblent pas suffire à garantir la sécurité des femmes agricoles en Tunisie, il est urgent de se pencher sur les problèmes persistants en matière de transport. Malgré une loi mise en place en 2019 pour réguler le transport de ces travailleuses, les accidents mortels continuent de se multiplier.

En effet, selon une étude réalisée par le Forum des droits économiques et sociaux, les femmes agricoles représentent près de 80 % de la main-d’œuvre du secteur, et elles se rendent sur leur lieu de travail entassées à 20 ou 30 dans des pickups. Ce mode de transport est extrêmement dangereux, comme en témoignent les chiffres alarmants : entre 2015 et 2023, 55 femmes ont perdu la vie et 796 ont été blessées dans des accidents de la route.

Il est regrettable de constater que malgré les mesures prises, les femmes agricoles continuent de risquer leur vie chaque jour pour rejoindre leur travail. Les conditions de travail sont déjà très dures, avec des salaires misérables et des journées exténuantes, et le transport représente un danger supplémentaire auquel elles sont confrontées. Les routes délabrées, les pickups surchargés et les manœuvres d’évitement face à la police rendent impossible l’application de la loi régissant le transport des femmes agricoles.

Ces travailleuses rurales connaissent bien les risques qu’elles prennent. Elles expriment leur frustration face à cette situation insoutenable : « Quand je sors de chez moi, je ne sais pas si je rentrerai vivante le soir », déclare une ouvrière agricole. Malgré les tragédies qui se succèdent, le constat est amer : aucun changement significatif n’a été observé depuis les accidents survenus à Sidi Bouzid en 2019.

Outre les problèmes de transport, les femmes agricoles sont confrontées à d’autres difficultés, notamment des conditions de travail précaires. Elles effectuent des tâches éreintantes, comme la cueillette des olives, sans gants de protection. De plus, elles sont souvent payées moins que les hommes pour un travail équivalent et elles ne bénéficient que très rarement d’une couverture sociale.

Face à cette réalité alarmante, il est crucial de revoir intégralement le système de travail des femmes agricoles en Tunisie. Les syndicats, les ONG et la société civile ont déjà apporté leur soutien à ces travailleuses, mais des mesures concrètes doivent être prises pour garantir leur sécurité et améliorer leurs conditions de travail.

Il est temps pour les autorités tunisiennes de coordonner leurs efforts et de prendre des mesures drastiques pour résoudre cette problématique qui ne fait qu’empirer. Il est nécessaire de réviser la législation en vigueur, de mettre en place des mesures de sécurité sur les routes, d’améliorer les conditions de travail et de garantir une rémunération équitable aux femmes agricoles.

En conclusion, il est inacceptable que les femmes agricoles en Tunisie continuent de risquer leur vie pour rejoindre leur travail. Il est impératif d’agir dès maintenant pour assurer leur sécurité et améliorer leurs conditions de travail. Le secteur agricole ne peut se développer sereinement que si les travailleuses rurales sont protégées et valorisées.