« Sénégal : Remaniement controversé de la Commission électorale nationale autonome (Céna) – Quelles conséquences sur la transparence du processus électoral ? »

Au Sénégal, un remaniement de la Commission électorale nationale autonome (Céna) a récemment eu lieu, suscitant des interrogations sur le moment choisi pour ce changement. Le président de la République, Macky Sall, a limogé le président sortant, Doudou Ndir, ainsi que les membres de la Céna, avant de les remplacer par décret présidentiel.

Il convient de noter que le mandat de l’ancienne équipe de la Céna avait expiré il y a plus de deux ans et demi, ce qui justifie en partie cette décision. Cependant, cela intervient à un moment où la polémique autour de l’éligibilité de l’opposant Ousmane Sonko fait rage.

La Céna avait récemment demandé la réintégration de Sonko dans les listes électorales, suite à une décision du tribunal d’instance de Ziguinchor en ce sens. Cette commission est responsable de la supervision de l’ensemble du processus électoral, tandis que c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections au Sénégal.

Certains observateurs soulèvent des inquiétudes quant au respect des dispositions du Code électoral, qui stipule que de tels changements ne peuvent être effectués qu’au tiers des membres de la Céna, soit près de quatre mois avant une élection majeure comme la présidentielle. Cette situation compromet la confiance envers les organes responsables de la gestion des élections, selon Moundiaye Cissé, directeur de l’ONG 3D (Démocratie, droits humains et développement local).

Face à cette controverse, un expert électoral sénégalais, Ndiaga Sylla, a décidé de contester le décret présidentiel devant les juridictions compétentes, au motif de violation du principe de la permanence de l’organe de contrôle et de supervision des élections.

Dans le camp du pouvoir, on défend ce remaniement en le qualifiant de procédure normale. Selon Abdou Karim Fofana, ministre porte-parole du gouvernement, il s’agit simplement de la fin du mandat des membres de la Céna, et cela devrait être salué par l’opposition.

Le nouveau président de la Céna, Abdoulaye Sylla, un inspecteur général d’État, sera secondé par Ndary Toure, un magistrat à la retraite, en tant que vice-président.

Cette décision de remaniement de la Céna au Sénégal a suscité des débats sur le respect des procédures légales et l’impact sur la transparence du processus électoral. Il est essentiel de veiller à ce que les organes de gestion des élections agissent de manière impartiale et qu’ils inspirent confiance à tous les acteurs politiques.