« Scandale au Kenya : les victimes de l’incendie dans la réserve de Lolldaiga réclament justice et compensation »

Au Kenya, la visite du roi Charles III a récemment suscité de vives controverses, notamment en raison de la présence d’un camp d’entraînement britannique dans la ville de Nanyuki. Situé à environ 200 kilomètres de Nairobi, ce camp accueille des soldats anglais qui s’y entraînent avant d’être déployés à l’étranger. Cependant, cette présence est entachée par plusieurs scandales, dont l’un des plus marquants est l’incendie qui s’est déclaré en mars 2021 lors d’un exercice d’entraînement dans la réserve privée de Lolldaiga.

Cet incendie a ravagé près de 4 800 hectares de terrain, ayant des conséquences désastreuses sur le mode de vie des communautés pastorales et agricoles vivant aux alentours. Saituk Kaituto Kaparo, un éleveur masaï âgé de 68 ans, a été directement touché par cet incendie. Il a tenté en vain de sauver son bétail, mais sur les 200 vaches qu’il possédait, il n’en reste plus que 4. Aujourd’hui, Saituk et environ 7 000 autres plaignants réclament une compensation aux autorités britanniques pour les problèmes médicaux causés par l’incendie, ainsi que pour la perte de leurs récoltes et de leur bétail.

Cependant, le processus de compensation est actuellement bloqué, ce qui suscite la frustration et la colère parmi les victimes. Les plaignants demandent que les autorités britanniques paient les dédommagements avant de reprendre leurs entraînements au Kenya. Pour eux, il est inconcevable que les responsables de l’incident puissent continuer à s’entraîner dans le pays sans avoir réparé les dommages causés.

Cette affaire rappelle d’autres cas passés où des victimes des activités d’entraînement de l’armée britannique au Kenya ont dû lutter pour obtenir justice et compensation. En 2002, le gouvernement britannique avait versé plus de 4 millions de livres sterling à plus de 200 familles masaï dont les proches avaient été blessés ou tués par des munitions abandonnées.

Ces scandales révèlent également un aspect problématique des relations entre les soldats britanniques et les communautés locales au Kenya. Certains avocats, comme Kelvin Kubai, soutiennent que ces soldats arrivent au Kenya avec des préjugés racistes et un complexe de supériorité, ne considérant pas les locaux comme leurs égaux. Des incidents ont même été signalés, tels que des bagarres dans les bars locaux, où les soldats britanniques bénéficient souvent d’une protection spéciale.

Face à ces accusations, les plaignants ont adressé une lettre ouverte au gouvernement britannique, appelant à mettre fin à cette vision du Kenya comme un avant-poste colonial et à traiter les Kenyans avec respect et égalité. En réponse, le gouvernement britannique a affirmé que seul le territoire de la réserve privée de Lolldaiga avait été affecté par l’incendie et a cité une étude financée par ses soins concluant que les conséquences de l’incendie n’étaient pas significatives sur la terre, l’eau ou l’air.

Cette affaire souligne les enjeux liés aux activités militaires étrangères dans un pays hôte. Elle met en lumière la nécessité d’établir des mécanismes de responsabilité et de compensation en cas de dommages causés aux communautés locales. L’incident de l’incendie de Lolldaiga illustre également la fragilité des relations entre les soldats britanniques et les Kenyans, et la nécessité de favoriser une coopération respectueuse et équitable.