Grève de la faim au Sénégal : 180 prisonniers dénoncent une détention préventive prolongée

Dans le sud du Sénégal, en Casamance, une situation préoccupante se déroule actuellement : 180 prisonniers ont entamé une grève de la faim pour dénoncer leur détention préventive prolongée. Certains d’entre eux sont incarcérés depuis quatre mois, sans avoir été présentés à la justice.

Ces détenus ont été arrêtés en juin dernier, suite aux manifestations qui ont éclaté après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko. Parmi ces prisonniers en grève de la faim, se trouvent également quatre mineurs âgés de 15 à 17 ans, dont les familles réclament la libération immédiate afin qu’ils puissent retourner à l’école.

En plus de ces mineurs, vingt-six autres personnes ont été arrêtées à Ziguinchor lors de ces émeutes. Les 150 autres détenus sont des prisonniers de droit commun. Tous dénoncent des périodes de détention préventive anormalement longues, qui dépassent les quatre mois pour certains d’entre eux.

Madja Diop Sané, coordonnateur de l’organisation Vision citoyenne, tire la sonnette d’alarme et souligne que ces détenus n’attendent que d’être entendus sur le fond de leur dossier. Il souligne également que pour ceux pouvant bénéficier d’une libération provisoire, cette mesure devrait être mise en place, tandis que pour ceux qui doivent encore être jugés, l’attente est légitime, mais ils doivent au moins avoir l’opportunité d’être entendus sur le fond de leur affaire.

Cependant, le problème est récurrent car il n’y a qu’un seul juge d’instruction à Ziguinchor, ce qui crée une congestion au niveau de l’examen des dossiers. L’association Vision citoyenne demande donc la nomination d’un deuxième juge d’instruction et la mise en place d’une durée limite pour l’instruction des affaires.

Il est en effet nécessaire de mettre en place des délais pour les procédures judiciaires et les instructions, car au Sénégal, il arrive que les personnes soient emprisonnées pendant des mois, voire des années, sans être jugées, ce qui pose un réel problème, souligne Madja Diop Sané, de l’organisation Vision citoyenne.

Quant aux 180 prisonniers en grève de la faim, ils ont déclaré qu’ils ne mettraient fin à leur mouvement que lorsqu’ils seraient présentés devant un juge. Ils se plaignent également de la mauvaise qualité de la nourriture en prison et du prix élevé des appels téléphoniques. La direction de la prison de Ziguinchor n’a pas encore fait de déclaration à ce sujet.

À Dakar, six femmes arrêtées lors des émeutes de juin et détenues à la prison de liberté 6 ont également entamé une grève de la faim il y a une semaine, selon le parti de l’opposant Ousmane Sonko, pour demander la libération immédiate des détenus politiques.

Cette situation met en lumière la nécessité d’une réforme du système judiciaire afin de garantir des délais raisonnables pour les procédures et les instructions. Il est également primordial de veiller à ce que les droits des détenus soient respectés, en fournissant une nourriture adéquate et en limitant les coûts élevés des communications en prison. Espérons que cette grève de la faim sensibilisera les autorités et entraînera des actions concrètes pour remédier à ces problèmes.