L’affaire Glencore : une révélation qui ébranle la gouvernance pétrolière au Cameroun
Depuis le début du mois, le Cameroun est secoué par l’affaire Glencore. Cette affaire de corruption internationale a mis en lumière un vaste système de pots-de-vin dans lequel deux entreprises camerounaises, la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et la Société nationale de raffinage (Sonara), seraient impliquées. Alors que le pays était en cours d’évaluation par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), cette affaire risque de ternir son image et de compromettre ses avancées en matière de gouvernance.
Glencore, géant anglo-suisse du négoce de matières premières, a reconnu avoir corrompu des fonctionnaires camerounais pendant plus de dix ans, dans le but d’obtenir des contrats ou d’éviter des audits. Les pots-de-vin auraient été versés à des agents de la SNH et de la Sonara. Cette révélation a eu un retentissement mondial et a conduit à la condamnation de Glencore aux États-Unis et au Royaume-Uni.
L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a demandé aux gouvernements concernés d’intervenir rapidement pour prendre les mesures adéquates. Cependant, au Cameroun, aucune personne n’a encore été mise en cause dans cette affaire. La SNH et la Sonara affirment attendre des preuves concrètes de leur implication.
Lors d’une récente réunion du comité national de l’Itie au Cameroun, la société civile a appelé le gouvernement à faire toute la lumière sur cette affaire et à établir les responsabilités. Selon elle, l’affaire Glencore a terni l’image du pays et a entraîné d’importantes pertes de revenus pour l’État.
La SNH affirme avoir saisi les juridictions britannique et américaine pour obtenir des preuves et des noms des agents incriminés. Cependant, Glencore lui aurait opposé une clause d’anonymat. La SNH mène actuellement ses propres investigations et demande le soutien de l’Itie pour lever cette clause d’anonymat.
Les organisations de la société civile membres de l’Itie au Cameroun demandent également au gouvernement de prendre des mesures pour obtenir des compensations de la part de Glencore, à l’instar de ce qu’a fait la République démocratique du Congo. En décembre 2022, Glencore s’est engagé à verser 180 millions de dollars à la RDC dans le cadre d’un accord.
Cette affaire Glencore met en lumière les enjeux de transparence et de gouvernance dans le secteur pétrolier et minier au Cameroun. Elle soulève des questions sur l’intégrité des acteurs et la capacité des autorités à prévenir la corruption. Il est essentiel que des mesures concrètes soient prises pour établir la vérité, sanctionner les responsables et restaurer la confiance dans le secteur extractif camerounais.