Les défis auxquels font face les agriculteurs au Sahel sont nombreux et préoccupants. Avec plus de 3 millions de déplacés internes dans les pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, la situation sécuritaire de la région se détériore rapidement. Cela se traduit par des vols de bétail, des pillages de récoltes et une insécurité croissante dans les zones rurales, poussant de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres et à rejoindre les villes à la recherche d’une vie plus sûre.
Cette situation de délaissement des zones rurales est un terreau fertile pour l’insécurité et les groupes armés qui recrutent souvent parmi les populations marginalisées économiquement. Les populations rurales ont des ressources et des richesses limitées, souvent mal distribuées, ce qui les rend vulnérables aux manipulations et aux promesses de sécurité économique faites par les groupes jihadistes.
Face à ces défis, l’Institut Montaigne a publié un rapport appelant à investir dans la filière agricole de l’Afrique de l’Ouest. Ce rapport souligne l’importance de stabiliser la politique foncière, de construire de nouvelles infrastructures et de prendre en compte les nombreux sujets négligés depuis trop longtemps. Il ne propose pas de solutions révolutionnaires, mais insiste sur la nécessité de traiter tous les aspects en même temps pour obtenir des améliorations significatives.
Il est crucial de cibler les investissements de manière éclairée pour maximiser leur impact. Il faut donner la priorité aux investissements qui favorisent la transformation agroalimentaire et facilitent l’accès des petits producteurs aux marchés domestiques. En revanche, il faut éviter les investissements qui entraîneraient l’accaparement des terres et nuiraient à la vie des communautés rurales.
Les États doivent également prendre des mesures pour réduire les pertes alimentaires, qui représentent environ un tiers de la production alimentaire en Afrique subsaharienne. Cela implique de renforcer les infrastructures de stockage et de transport, d’améliorer les techniques de conservation des aliments et de promouvoir la formation des agriculteurs sur les bonnes pratiques agricoles.
En investissant dans l’agriculture, l’Afrique de l’Ouest peut espérer améliorer la sécurité alimentaire, stimuler l’économie rurale et réduire l’insécurité qui sévit dans la région du Sahel. Cependant, il est crucial que ces investissements soient réalisés de manière responsable et qu’ils bénéficient réellement aux agriculteurs et aux communautés locales.