« Lutte contre les discriminations de genre en RDC : une loi historique pénalise le lévirat et le sororat forcés »

Lutter contre les discriminations basées sur le genre : une avancée majeure en RDC

Dans la lutte contre les discriminations basées sur le genre, le Président de la République démocratique du Congo a récemment signé une ordonnance loi pénalisant le lévirat et le sororat forcés. Cette décision marque une avancée significative dans la promotion de l’égalité des genres et la protection des droits des femmes dans le pays.

Le lévirat et le sororat forcés sont des pratiques traditionnelles où une veuve est contrainte d’épouser le frère cadet de son défunt mari, ou bien où un veuf est contraint d’épouser la sœur cadette de sa défunte épouse. Ces pratiques, bien que profondément ancrées dans la coutume, ont des conséquences néfastes sur la vie et le bien-être des femmes concernées.

Dans un article récent du Desk Femme de Actualités.cd, des femmes de Kinshasa ont été interrogées sur leur opinion concernant cette loi. Les réactions sont diverses, mais la majorité des femmes soutiennent fermement l’interdiction de ces pratiques.

Raïssa Kazadi, une femme mariée, estime que cette interdiction est justifiée. Selon elle, une femme devrait être libre de refaire sa vie avec la personne de son choix après le décès de son mari. Les pratiques coercitives doivent être abolies dans notre société, affirme-t-elle.

Antho Mbalabu, une étudiante à l’université de Kinshasa, souligne que le mariage est un choix personnel basé sur l’amour, et non sur des coutumes prédéfinies. Elle estime donc que toutes ces pratiques doivent être sévèrement punies, car elles engendrent de nombreux désordres dans nos sociétés.

Jedidia Nduaya, une mère et employée dans une société de sous-traitance, soutient également cette loi en affirmant que toute forme d’obligation matrimoniale doit être bannie. Selon elle, la femme ne devrait jamais être forcée de se mettre en couple avec qui que ce soit, et l’adhésion à ces pratiques devrait être entièrement volontaire.

La Dr. Florence Kapila, médecin dentiste aux Cliniques Universitaires de Kinshasa, ajoute que ces pratiques vont à l’encontre de la fraternité et de la construction d’une relation saine au sein de la famille. Remarier l’épouse du défunt au frère cadet de son mari est une situation inconfortable et peu appropriée, déclare-t-elle.

Cependant, toutes les opinions ne vont pas dans le même sens. Linda Kazadi, licenciée en droit, estime que la coutume, en tant que source du droit, doit être respectée et appliquée. Elle argumente en affirmant que la tradition veut que les garçons aient la responsabilité d’orienter les filles, et que ces pratiques doivent donc être maintenues et même étendues.

L’ordonnance-loi, signée le 11 septembre 2013, modifie et complète le Code pénal congolais en introduisant les articles 174, alinéas R, S et T, qui condamnent le lévirat et le sororat forcés.

Cette décision marque une étape importante dans la promotion de l’égalité des sexes en RDC. En criminalisant ces pratiques coercitives, le gouvernement envoie un message clair : les droits des femmes doivent être protégés et respectés. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire pour changer les mentalités et faire évoluer les normes sociales.

L’atteinte de l’égalité des genres est un processus complexe qui nécessite une action collective et continue de la part de la société dans son ensemble. Espérons que cette loi servira de point de départ pour de futures avancées dans la lutte contre les discriminations basées sur le genre en RDC.