« Le report de l’élection présidentielle au Mali soulève des inquiétudes quant au processus de transition politique »

La junte au pouvoir au Mali a récemment annoncé un nouveau report de l’élection présidentielle prévue initialement en février 2024. Ce report constitue un nouveau retard dans le processus de retour à un gouvernement civil dans ce pays qui fait face à de nombreux défis, notamment le jihadisme et une crise multidimensionnelle profonde.

Selon les autorités maliennes, ce report est dû à des raisons techniques liées à l’adoption d’une nouvelle constitution en 2023 et à la révision des listes électorales. De plus, un litige avec une société française impliquée dans le processus de recensement a également été mentionné comme l’une des raisons de ce report.

En plus de ce report de l’élection présidentielle, les autorités ont également décidé de reporter les élections législatives prévues initialement pour fin 2023. Il est prévu que ces élections soient organisées ultérieurement, après l’élection présidentielle.

Ces reports successifs ont soulevé des inquiétudes quant à la volonté réelle de la junte de céder le pouvoir aux civils. En effet, après deux coups d’État en 2020 et 2021, les militaires avaient initialement promis de permettre un retour à un gouvernement civil à l’issue d’élections présidentielle et législatives prévues en février 2022. Cependant, la junte a ensuite déclaré qu’elle ne serait pas en mesure de respecter ce calendrier et a envisagé de prolonger son mandat pour mener des réformes profondes.

Ces retards dans le processus de transition politique ont également suscité des réactions de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avait imposé des sanctions commerciales et financières au Mali en réponse aux coups d’État. Ces sanctions ont été levées en juillet 2022, après que la junte a accepté de se retirer du pouvoir en mars 2024 et a fixé le calendrier électoral.

Dans un contexte marqué par la violence et l’insécurité, notamment dans les régions du Centre et de l’Est du Mali, ainsi que par une intensification des activités jihadistes, ce nouveau report de l’élection présidentielle soulève des questions sur la capacité du pays à surmonter ces défis et à rétablir la stabilité.

Il est donc essentiel que la junte malienne respecte ses engagements et mette en place un processus électoral transparent et inclusif afin de permettre un retour à un gouvernement civil légitime. La communauté internationale, y compris la CEDEAO, doit continuer à exercer une pression sur la junte pour garantir la tenue d’élections libres et équitables dans les délais convenus. L’avenir du Mali en dépend.