Le report de l’élection présidentielle au Mali et l’accusation d’une entreprise française de « prise d’otage » ont récemment secoué les autorités de transition du pays. Prévue initialement pour février 2024, cette élection devait marquer la fin de la période de transition et le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’État militaire de 2020. Cependant, les autorités maliennes ont annoncé un report de cette échéance, invoquant plusieurs raisons, dont un différend avec une entreprise française.
Selon un communiqué officiel, les autorités maliennes affirment que l’entreprise française Idemia, chargée du recensement administratif à vocation d’État civil (Ravec), refuse de communiquer le mot de passe nécessaire pour finaliser le transfert de propriété du système. Les autorités accusent également l’entreprise d’exiger le règlement d’une dette de plus de 5 milliards de FCFA avant de procéder au transfert.
Cette situation a des conséquences importantes pour le processus électoral malien. En effet, le blocage de la base de données Ravec empêche l’inscription de nouveaux électeurs sur les listes électorales et ralentit la production des cartes d’identité nationales biométriques. Face à ces difficultés techniques, les autorités de transition estiment qu’il est nécessaire de reporter l’élection présidentielle à une date ultérieure, qui reste pour le moment inconnue.
Bien que cette annonce puisse surprendre certains observateurs, qui soulignent que les autorités maliennes avaient réussi à organiser et valider un référendum constitutionnel en juin dernier, il est important de prendre en compte plusieurs hypothèses expliquant ce report. Certains estiment que la France pourrait être utilisée comme bouc émissaire pour justifier cette décision et détourner l’attention de la population malienne. D’autres supposent que les militaires au pouvoir n’ont pas l’intention de rendre le pouvoir facilement et cherchent à prolonger leur influence. Enfin, des difficultés financières pourraient également expliquer ce report, avec un gouvernement en transition en manque de liquidités.
Pour le moment, la Cédéao, l’organisation régionale qui avait négocié le calendrier électoral avec le Mali et levé ses sanctions économiques, n’a pas encore réagi à cette annonce. Les autorités maliennes ont sollicité la France et l’entreprise Idemia pour obtenir des commentaires, mais aucun ne les a encore fournis.
Quelle que soit la raison derrière ce report, il est clair que cette situation soulève des interrogations quant à la stabilité politique et à la transition démocratique au Mali. Le pays est confronté à de nombreux défis, notamment le regain de violence avec les groupes armés dans le nord et les attaques jihadistes. Dans ce contexte, il est essentiel que les autorités maliennes trouvent rapidement une solution pour garantir des élections justes et transparentes, afin que le pays puisse enfin retrouver la voie de la stabilité et de la démocratie.