Dans un monde où l’utilisation des produits chimiques dans l’agriculture est de plus en plus critiquée, la Commission européenne fait face à une décision cruciale : renouveler l’autorisation du glyphosate dans l’UE pour une durée de dix ans. Cette proposition, qui suscite déjà de vives réactions, est basée sur le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui estime que le niveau de risque associé au glyphosate ne justifie pas son interdiction.
Le glyphosate, substance active présente dans de nombreux herbicides, dont le célèbre Roundup de Monsanto, est au cœur d’une controverse depuis des années. Classé en 2015 comme un « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé, il divise la communauté scientifique et politique.
La proposition de la Commission européenne autorise l’utilisation du glyphosate jusqu’en décembre 2033, soit une durée deux fois plus longue que l’autorisation précédente. Cependant, des conditions strictes doivent être respectées, notamment l’instauration de « bandes tampons » de 5 à 10 mètres autour des zones de pulvérisation. De plus, des niveaux-limites devront être fixés pour certaines « impuretés » présentes dans le glyphosate. Les États membres auront également la responsabilité de délivrer les autorisations au niveau national et de fixer les conditions d’utilisation en tenant compte des spécificités locales.
Cependant, même si l’EFSA n’a pas identifié de « domaine de préoccupation critique » dans son rapport, elle a souligné le risque élevé à long terme pour les mammifères et a admis qu’il manquait des données pour effectuer une analyse définitive. Par conséquent, la Commission européenne demande aux États de prêter une attention particulière aux effets sur l’environnement, aux co-formulants des herbicides autorisés, à l’exposition des consommateurs aux résidus ainsi qu’à l’impact sur la biodiversité et les ressources en eau.
Cette proposition de renouveler l’autorisation du glyphosate pour dix ans soulève de nombreuses interrogations et critiques. Les défenseurs de l’environnement et de la santé estiment que les risques associés au glyphosate sont sous-évalués et réclament une interdiction totale de ce produit controversé. D’un autre côté, les agriculteurs soulignent l’importance du glyphosate dans la lutte contre les mauvaises herbes et mettent en avant les bénéfices économiques qu’il apporte à leur activité.
La décision finale reviendra aux États membres de l’UE, qui se réuniront le 13 octobre prochain pour voter sur cette proposition. En attendant, le débat sur l’utilisation du glyphosate et ses conséquences sur la santé et l’environnement continue de faire rage, mettant en lumière les défis auxquels les sociétés contemporaines sont confrontées lorsqu’il s’agit de trouver un équilibre entre l’agriculture intensive et la préservation de notre planète.