« Polémique en RDC : La mise à disposition de numéros verts pour dénoncer les magistrats divise le pouvoir judiciaire »

Le pouvoir judiciaire en République Démocratique du Congo est confronté à une vive polémique ces derniers jours. Le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, est en effet accusé par l’intersyndicale des magistrats de mettre en danger leur sécurité en mettant à disposition du public trois numéros verts pour dénoncer les magistrats véreux. Cette mesure a suscité de vives réactions parmi les magistrats et certains experts estiment qu’elle pourrait entraîner une vindicte populaire à l’encontre des juges.

Selon Henri Dianda, secrétaire général de l’intersyndicale des magistrats, cette décision est problématique car elle expose les juges à des accusations infondées et à la sensationnalisation par les médias. Il estime que la discipline des magistrats ne devrait pas être gérée de cette manière, via des appels téléphoniques anonymes où n’importe qui peut dénoncer n’importe quoi sur les magistrats. Cette mise en place de numéros verts risque donc de conduire les juges à être soumis à la vindicte populaire sans preuve ni procédure régulière.

De son côté, le Procureur général défend cette mesure en soulignant que la lutte contre la corruption et les pratiques illégales au sein de la magistrature est une priorité. Selon lui, la mise à disposition de ces numéros verts permettra de recueillir des informations et des témoignages sur d’éventuelles infractions commises par des magistrats. Il souhaite ainsi lutter contre l’impunité et rétablir la confiance du public envers le système judiciaire congolais.

Cependant, certains magistrats émérites et experts en droit ont exprimé leur préoccupation face à cette mesure. Ils estiment que cette ouverture à la dénonciation anonyme peut faciliter les fausses accusations et les calomnies à l’encontre des juges. Ils mettent en garde contre les risques de dérapage et soulignent l’importance de respecter les principes fondamentaux de la justice, tels que la présomption d’innocence et le respect des droits de la défense.

Cette controverse intervient alors que le Président de la République Félix Tshisekedi a récemment exprimé sa frustration quant au fonctionnement du système judiciaire congolais. Il considère que la justice est un élément essentiel de la construction nationale et déplore les dysfonctionnements qui persistent. Il insiste sur la nécessité de réformer en profondeur le secteur judiciaire pour garantir l’équité et l’efficacité des procédures.

En conclusion, la mise à disposition de numéros verts pour dénoncer les magistrats véreux en RDC suscite de vives controverses. Si certains soutiennent cette mesure comme un moyen de lutter contre la corruption et l’impunité, d’autres craignent qu’elle n’ouvre la porte à des dénonciations infondées et à la vindicte populaire. La question de la réforme du système judiciaire reste donc cruciale pour garantir une justice équitable et respectueuse des droits de tous.