« Le photographe qui a capturé l’horreur du coup d’État au Chili : l’œuvre engagée de Chas Gerretsen »

Le 11 septembre 1973, le Chili a été le théâtre d’un événement qui marquera l’histoire du pays : le coup d’État qui renversera le président Salvador Allende et mettra fin à des années de gouvernement de l’Unité populaire. Cette journée sombre sera à jamais gravée dans la mémoire collective chilienne et dans l’œuvre du photographe néerlandais Chas Gerretsen.

Chas Gerretsen était en poste au Chili depuis huit mois avant le coup. Travaillant pour l’agence française Gamma, il avait pris l’habitude de documenter les tensions croissantes entre le gouvernement Allende et les secteurs conservateurs de l’armée. Il savait que quelque chose se tramait, mais rien ne pouvait prévoir l’ampleur des événements qui allaient se dérouler ce jour-là.

Le 11 septembre, un coup de téléphone de son confrère français, Sylvain Julienne, l’a réveillé en sursaut. La Moneda, le palais présidentiel de Santiago, était encerclée par les forces armées. Chas Gerretsen décide de se rendre sur place, armé de son appareil photo. Ce qu’il va capturer ce jour-là restera à jamais gravé dans l’histoire.

Arrivé devant la Moneda, il aperçoit le président Allende au balcon, saluant des étudiants. Mais soudainement, tout bascule. Les tanks se mettent en position, les tirs retentissent, la Moneda est attaquée. Chas Gerretsen se retrouve au milieu de la violence, mitraillant les scènes qui se déroulent sous ses yeux, capturant l’horreur et la tragédie de ce moment.

Mais ce n’est que le début. Au cours des jours qui suivent, Chas Gerretsen continuera de documenter la dictature qui s’installe au Chili. Les arrestations, les autodafés de livres, les cadavres jonchant les rues… Rien ne lui échappe. Son objectif se transforme en arme de dénonciation, en témoignage visuel de l’oppression qui règne désormais dans le pays.

Et puis, il y a cette photo emblématique. Le 18 septembre, lors d’un Te Deum organisé à la cathédrale métropolitaine de Santiago, Chas Gerretsen réalise un portrait serré du général Augusto Pinochet, le nouvel homme fort du Chili. À travers ses lunettes noires, Pinochet fixe l’objectif, laissant transparaître toute sa puissance et son autorité. Cette image deviendra un symbole de la dictature, utilisée par les manifestants pour dénoncer le régime oppressif.

Aujourd’hui, Chas Gerretsen, âgé de 80 ans, revient sur cette période dans un ouvrage qui regroupe ses photos prises au Chili en 1972 et 1973. Ses clichés sont exposés à Santiago, rappelant aux Chiliens les horreurs du passé et l’importance de ne jamais oublier.

Le travail de Chas Gerretsen est une preuve de la puissance de la photographie en tant qu’outil de documentation et de dénonciation. Ses images sont le reflet d’une époque sombre de l’histoire du Chili, mais aussi un rappel de la résilience du peuple chilien face à l’oppression. Elles nous rappellent l’importance de la liberté d’expression et la nécessité de rester vigilants pour préserver nos droits fondamentaux.

Enfin, elles nous montrent le rôle essentiel des photojournalistes dans la préservation de la mémoire collective et dans la lutte pour la justice et la vérité. Alors que nous vivons dans un monde où l’information visuelle est de plus en plus omniprésente, il est crucial de reconnaître et de soutenir le travail de ces professionnels qui risquent leur vie pour nous montrer la réalité telle qu’elle est.

Le travail de Chas Gerretsen est un rappel de notre responsabilité en tant que citoyens de rester informés, de ne jamais oublier le passé et de nous engager pour un avenir plus juste et plus libre.