Témoignages de manifestations en Iran suite au décès de Mahsa Amini (Partie 1/3)
Diako Alavi est un professeur au lycée de Saqqez, une ville kurde en Iran, et il a été témoin des premières manifestations qui ont éclaté après la mort de Mahsa Amini, une jeune Iranienne originaire de la région. Diako accompagnait ses élèves lors des protestations avant d’être lui-même arrêté par les autorités iraniennes. Dans cet article, il partage ses témoignages poignants sur ces événements tragiques.
Diako raconte que Mahsa Amini était connue sous le nom de Jina dans sa ville natale de Saqqez, une petite ville de 50 000 habitants. Il avait des liens étroits avec sa famille, son père étant un retraité respecté dans la communauté. Lorsqu’il a appris que Mahsa était dans le coma après avoir été violemment agressée par la police, il s’est immédiatement inquiété. La nouvelle s’est rapidement répandue et une émotion intense s’est emparée de la ville. Les parents de Mahsa ont demandé à la communauté de prier pour elle.
Le jour des funérailles, Diako s’est rendu au cimetière et a été frappé par la foule immense qui était présente. Des milliers de personnes étaient réunies dans un silence total, une ambiance à la fois saisissante et effrayante. Soudain, un homme a crié « Elle aurait pu être ma fille. Elle aurait pu être ta sœur. Jusqu’à quand allons-nous supporter cela ? ». Ces mots ont provoqué une réaction en chaîne, et la foule a commencé à scander des slogans appelant à la mort du Guide suprême Ali Khamenei. Des agents de sécurité présents sur place ont tenté de filmer la scène depuis le toit d’une mosquée, mais ont été rapidement pris à partie par la foule en colère.
Le père de Mahsa a pris la parole pour calmer les esprits et la foule lui a répondu d’une seule voix, lui assurant qu’ils ne devaient pas avoir peur. Des femmes ont même enlevé leurs foulards noirs en signe de protestation. Cependant, la situation a vite dégénéré lorsque les manifestants ont décidé de se rendre au poste de gouvernorat pour exprimer leur colère. Les forces de l’ordre ont réagi violemment, utilisant des canons à eau et des fusils à pompe. Diako a été témoin de jeunes manifestants blessés, notamment aux yeux, par les tirs.
Diako a participé activement aux manifestations, motivé par ses élèves dont les parents l’appelaient pour le supplier d’assurer leur sécurité. Il décrit cette génération de jeunes courageux, prêts à se battre pour leurs droits. Pour eux, le mouvement « Femme, vie, liberté » est devenu une lueur d’espoir dans un avenir sombre et mensonger. Diako a été marqué par le dévouement de ces jeunes, notamment lorsqu’il a lavé le visage ensanglanté d’une jeune fille blessée et qu’elle est repartie immédiatement sur le front des manifestations.
Malheureusement, Diako a été arrêté quelques mois plus tard en raison de ses activités syndicales et de sa participation aux manifestations. Il a passé deux semaines en prison, où il a été interrogé et accusé d’être un mauvais professeur. Malgré ces épreuves, Diako reste déterminé à témoigner de ce qu’il a vécu et à lutter pour la liberté et les droits de son peuple.
Ces témoignages de Diako Alavi nous permettent de prendre conscience de la dure réalité des manifestations en Iran et du courage des manifestants qui luttent pour leur liberté. Ils mettent en lumière la détermination de la jeunesse iranienne à se battre pour un avenir meilleur, malgré les risques de répression et de violence. Dans la deuxième partie de cet article, nous continuerons à explorer les témoignages de Diako et son expérience des manifestations en Iran. Restez connecté pour en savoir plus.