« L’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri : pourquoi la levée serait une erreur »

La Table Ronde sur l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, qui a été ouverte la semaine dernière par le chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi, touche à sa fin aujourd’hui. Cette réunion, qui réunit divers acteurs politiques et militaires, a pour objectif de décider de la levée de l’état de siège, de son maintien ou de sa requalification.

Bien que les discussions soient toujours en cours, de nombreux observateurs estiment déjà qu’une levée de l’état de siège serait une erreur. En effet, malgré ses lacunes, l’état de siège a apporté des résultats positifs globaux en termes de lutte contre l’insécurité. Dans la province de l’Ituri, par exemple, l’administration militaire a réussi à contrôler efficacement la situation sécuritaire, politique, économique, sociale et culturelle, avec une adhésion massive des forces négatives locales au Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Sociale et Communautaire (P-DDRSC).

L’état de siège a également permis la relance des activités économiques, agricoles et sociales en Ituri, la réouverture des axes routiers, la reprise des activités scolaires et administratives, ainsi que la mise en œuvre d’un programme de développement dans les territoires. En somme, la province de l’Ituri se reconstruit progressivement en tant qu’entité administrative réunifiée, avec une diminution de l’influence des groupes armés.

Cependant, la situation dans la province du Nord-Kivu reste préoccupante. Bien que l’état de siège ait permis d’identifier les ennemis de la paix, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, la lutte contre l’insécurité et le trafic illicite des minerais n’a pas encore donné les résultats escomptés. En particulier, l’implication du Rwanda dans le soutien aux groupes armés, tels que le M23, est clairement établie.

L’état de siège a également révélé des complicités internes dans la précarité de la situation sécuritaire au Nord-Kivu, y compris au sein de la classe politique, des forces de sécurité et de défense, ainsi que du secteur économique. Grâce à cet état d’exception, certaines personnalités ont été arrêtées pour haute trahison et complicité avec les groupes armés.

Dans l’ensemble, l’état de siège a permis de faire la distinction entre les patriotes et les traîtres à la cause nationale, à la fois à Kinshasa et dans l’est du pays. C’est pourquoi de nombreux Congolais craignent que la levée de l’état de siège ne conduise à une détérioration de la situation et à un retour de l’insécurité dans la région.

Il reste maintenant à attendre la décision de la Table Ronde sur l’état de siège. Quelle que soit cette décision, il est important de continuer à travailler activement pour la pacification de la région et la construction d’un avenir sécurisé pour tous les Congolais.