Le projet de construction du barrage hydro-électrique de Kandadji, dans la zone dite « des trois frontières » entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a connu un nouvel obstacle. En effet, les travaux ont été interrompus suite aux sanctions économiques imposées aux putschistes nigériens par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Cette décision a été annoncée par le groupe chinois en charge de la construction du barrage, dans une lettre adressée à l’inspection du travail de Tillabéri. Pour comprendre l’importance de ce projet pour le Niger et les raisons de son retard, nous avons interrogé Adamou Louche, économiste et spécialiste du dossier.
Le projet de barrage de Kandadji remonte aux années 1970, lorsque le pays a connu une terrible famine. Depuis lors, chaque président nigérien a fait de sa réalisation une priorité. Il vise à accroître la production électrique locale, avec la construction d’une centrale de 100 mégawatts, ce qui permettrait au pays de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis du Nigeria voisin. De plus, cela améliorerait l’accès à l’électricité dans un pays où seulement 20% de la population y a accès.
Le barrage aurait également un impact sur l’agriculture nigérienne, qui dépend fortement des pluies. En irriguant une surface de 45 000 hectares, il contribuerait à réduire les crises alimentaires récurrentes que connaît le pays. Selon les estimations de l’agence du barrage, cela permettrait de produire chaque année 400 000 tonnes de riz, de maïs et de produits maraîchers supplémentaires.
Les retards dans la construction du barrage sont dus à plusieurs facteurs. L’instabilité politique, les déplacements de population nécessaires et le contexte sécuritaire tendu dans la région ont tous contribué à ralentir les travaux. De plus, la pandémie de Covid-19 a également causé des retards supplémentaires.
Aujourd’hui, les travaux sont à l’arrêt en raison des sanctions économiques et de la fermeture des frontières qui empêchent l’importation de certains produits et matériels nécessaires à la construction. Les organisations internationales participant au financement du projet ont également suspendu leur contribution.
Il reste donc à espérer que ces problèmes puissent être résolus rapidement afin de relancer la construction du barrage de Kandadji. Pour le Niger, ce projet est essentiel pour assurer l’autonomie énergétique du pays et améliorer la sécurité alimentaire de sa population.